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Fiers R.
109 abonnés
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3,5
Publiée le 20 décembre 2023
La première partie de “How to have sex” est trompeuse et pourra en faire capituler plus d’un... En effet, en dépit d’une manière de filmer très naturaliste voire conforme à tout un pan du cinéma indépendant américain actuel et passé qui ne colle pas forcément avec ce qui est montré, on se croirait dans un vulgaire teen-movie ou film de fête à l’américaine. En gros, trois filles viennent fêter la fin de leurs examens en Crête avec en tête l’idée de perdre leur virginité. On assiste donc à leur arrivée dans l’hôtel et à leurs beuveries (sacrément corsées) et leur rencontre avec une bande de garçons de la chambre voisine. Alcool par litres, musique assourdissante, vomi et tout ce qui s’en suit ne vont donc pas nous être épargnés. Pas forcément intéressant voire même plutôt déplaisant? En effet, mais Manning Walker se sert de cette première partie, qui s’avère tout de même très conforme aux us et coutumes d’une certaine jeunesse actuelle en perte de repères et qui aime se démolir, pour préparer un second acte bien plus cruel et complexe qu’il n’y parait. Un passage obligé, au final réaliste, qui permet donc de préparer intelligemment la suite en nous prenant à contrepied.
Car oui ce premier film de la cinéaste est une belle surprise qui s’est vue attribuer un Prix du Jury mérité dans la section Un Certain Regard cette année. Il eut donc été étonnant que « How to have sex » se résume à un banal film de jeunes qui font la fête à la « American Pie » ou « Projet X ». Car au détour d’une soirée quelque chose de trouble va se passer. Quelque chose qui va nous être montré petit à petit, par flashbacks, faisant basculer le film dans quelque chose de tout aussi inconfortable que le début mais pour d’autres raisons. Tara, l’une des jeunes filles, revient après les autres d’une nuit de beuverie avec un comportement distant. À partir de là, on entre dans le territoire intime et féminin avec beaucoup de finesse, de d’acuité et de profondeur. Et ce petit film très malin de nous réserver une charge bien plus fine et percutante sur le consentement que ce qu’on a l’habitude de voir actuellement. On nous montre adroitement que le viol peut avoir bien des facettes et que les zones grises et la perception de chacun peuvent avoir des conséquences troubles et terribles sur une jeune fille. Le plan sur la ville de Malia au petit matin sali par une nuit d’excès en tous genres est symboliquement puissant d’ailleurs à ce niveau. C’est l’une des petites touches visuelles qui rendent l’ambiance étrange et presque malaisante dans la seconde partie.
Une partie qui va donc s’attaquer par petites touches, signifiées par des regards, des petits gestes, des hésitations ou encore des évitements à nous montrer les conséquences d’un double acte sexuel pas vraiment consenti. Heureusement, « How to have sex » ne met pas tous les garçons dans le même panier, nuançant habilement son propos avec un personnage masculin droit et empathique. La jeune Mia McKenna-Bruce dans le rôle principal est étincelante et brille par sa justesse de jeu, que ce soit en jeune adolescente fêtarde et maligne qu’en victime taiseuse d’abus. On ressent le fait qu’elle soit perdue, qu’elle ne sache pas comment réagir ni se comporter après ce qui lui est arrivé. Les silences sont percutants dans ce film, plein de sens. C’est comme si le film nous faisait passer par les différents stades d’une fête, des débuts à s’ambiancer, aux folies de la nuit en passant par la gueule de bois du lendemain. Et cette œuvre pertinente et juste de se terminer par une séquence forte qui passe de l’émotion à l’espoir avec un message simple et important : ne jamais garder le silence lorsqu’on a vécu une telle expérience. Une réussite que ce petit film bien plus profond qu’il n'y parait de prime abord.
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Immersif et graphique (magnifique retour matinal et zombiesque dans un petit ensemble vert au milieu d'une rue de Malia, cité balnéaire crétoise dédiée aux parties young adults, transformée en décor post-apocalyptique à la walking dead), sans jugement, si ce n'est de fissurer les façades de l'euphorie obligatoire et un peu surjouée. Nous passons cette semaine avec ces jeunes anglaises, nous pensons les comprendre un peu et sommes en empathie. Très belle réalisation
Film léger et grave à la fois. Ça rend triste la naïveté de ces jeunes filles, le décalage entre leur envie de s'amuser et découvrir les joies du sexe et le réel beaucoup plus brutal, avec des jeunes hommes (pas tous) qui les utilisent littéralement et les soumettent à leurs désirs. L'actrice qui joue Taz crève l'écran.
La réponse à la question donnée n'est pas compliquée, ne refuse rien and you will have. Ce titre est terrible déjà, mettant le sexe en finalité en but ultime de ces minutes de cinéma. On pourrait croire pendant une seconde que c'est bien et qu'on va retrouver la sacralisation de l'acte sexuel, or il n'en est rien, le but est simplement d'en avoir le plus possible, et si la première fois est une mauvaise relation, c'est pas grave ce sera mieux la prochaine ! Malgré tout une belle retranscription de la jeunesse perdue du 21 ème siècle. Sans repère, mais avec alcool et soirées à gogo. Belles images. Mais nul.
Molly Manning Walker est un nouveau nom à suivre dans le cinéma indépendant britannique et Mia Mc Kenna-Bruce débute par une performance d'actrice mémorable. Prix « Un certain Regard » à Cannes, le film commence par suivre les codes du Teen Movie en Spring Break (tout en les dépoussiérant) puis les sensations d'énergie débordante et d'excès en tout genre s'estompent pour laisser place à spoiler: une exploration de l'intime, de la solitude et de la perte de l'innocence . Une proposition radicale, sans pathos esthétisant mais avec des questionnements importants sur la notion despoiler: consentement et des liens d'amitié. Le talent du duo réalisatrice/actrice ancre cette histoire dans les esprits durablement, comme ce plan, peut-être l'un des plus beaux de 2023, spoiler: où l'on voit l'héroïne esseulée arpenter au petit matin une rue d'une station balnéaire grecque jonchée de déchets, reliques plastiques de la nuit enfiévrée.
Paradoxe d’une virée entre amies à des fins sexuelles – un prix doit récompenser celle qui aura couché le plus de fois – qui mute en découverte de soi, de ses limites physiques et morales, et en réflexion sur le consentement, How to have sex représente une jeune génération perdue entre d’une part les diktats d’une époque, banalisant la nudité et l’accumulation des expériences, et d’autre part la nécessité d’une stabilité relationnelle et émotionnelle à un âge où, sortie de l’adolescence oblige, il faut prendre en charge son avenir, devenir une grande personne. La bande de filles est composée de façon schématique : la première (Skye) revendique son libertinage, la deuxième (Em) envisage de stabiliser une rencontre devenue relation sérieuse, la troisième (Tara) enfin oscille entre ces deux trajectoires sans jamais trouver sa voie ; ce mode de composition s’étend à l’écriture du film pour en faire une expérimentation de nature scientifique et anthropologique, où les soirées multiples à néons et décharges sonores constituent autant d’atmosphères à même de stimuler ou de perturber le métabolisme de Tara. Nul hasard si le regard porté sur la fête appartient à Tara, s’il évolue en fonction de son état d’esprit, s’il glisse du clipesque facile initial à l’asphyxie terminale en passant par des phases transitoires – à l’image de ce plan sur une rue déserte que la jeune femme traverse seule. Cet angle naturaliste, au sens zolien du terme, offre au long métrage un intérêt certain, mais étouffe la spontanéité qu’exigeait pourtant ce cauchemar éveillé, à tel point que la temporalité d’ensemble délaisse le diurne, défini par le sommeil et l’attente, pour accumuler le nocturne et s’y complaire. Manque l’émotion, essentielle, qui exigeait de sonder le vide intérieur d’un personnage ravagé par la perte des repères ; à la place, la réalisatrice pense tout par le biais du spectacle et montre la détresse de Tara avec des effets qui l’écrasent.
Le film est intéressant, bien filmé, mais atteint malheureusement ses limites. Le sujet du consentement est abordé hors du cadre du viol, dans le contexte plus fréquent de l'acte sexuel non-explicitement accepté par un des deux amants (souvent la femme) que seuls les silences du désir amoureux peuvent créer. C'est un sujet pertinent, utile, filmé avec subtilité et intelligence. Mais Molly Manning Walker a voulu tirer deux ficelles à la fois et c'est là que l'on peut lui faire le reproche de ne pas aller assez loin. Sur la question du consentement, bien que le spectateur comprenne le problème du non-dit, la cause n'est pas explicitée car le personnage de Paddy n'est pas assez creusé, ce qui ne permet pas d'appréhender la différence de représentation de l'acte sexuel. On lui préfèrera "Les choses humaines" de Yvan Attal. Quant au sujet de la transformation d'une jeune-femme, de son passage de l'adolescence à l'âge adulte, là-aussi, il n'y a pas la force et la subtilité d'un "Mektoub my love" d'Abdellatif Kéchiche. Un film très intéressant cependant.
Prix " un certain regard" ( Cannes 2023) et soutenu par une partie de la critique, " How to have..." ne tient pourtant pas (à mes yeux du moins) ses promesses.
Le scénario est minimaliste ( trois jeunes anglaises partent passer une semaine dans un club de vacances situé en Grèce, dans le but de perdre leur virginité (sic), mais ce qu'elles rencontrent n'est -évidemment- pas à la hauteur de leurs espérances).
Au plan formel, la mise en scène manque cruellement de maîtrise. On a encore une fois affaire à une cinéaste qui propose un film presque entièrement composé de plans rapprochés, photographié essentiellement caméra à l'épaule.
Les amateurs d'ambiances alcoolisées, ou l'on hurle, de piscines bondées d'une foule qui vocifére en regardant des animations plutôt vulgaires, animées de conversations composées de phrases de cinq mots, se précipiteront pour voir le film.
On se prend pourtant à se laisser porter pour voir jusqu'où ces trois jeunes filles, ignorantes d'elles mêmes, mais aussi du sexe masculin, vont aller.
La dernière demi-heure est largement la plus accomplie dans ce " How to have sex" qui a le mérite de ne pas être trop long.
Sur la description d'une jeunesse acculturee et sans repère, Sofia Coppola avait beaucoup mieux réussi son " Bling Ring" ( pourtant injustement descendu par la critique).
On saluera le choix du casting, principale qualité de cet opus pas indispensable mais qui se suit il est vrai, sans ennui malgré les réserves exprimées plus haut.
Pour son premier long-métrage, la réalisatrice anglaise Molly Manning Walker s’empare d’un sujet sensible. Sorti en 2023, ce film propose une retentissante photographie d’une jeunesse qui veut vivre toutes les expériences à fond. Trois copines partent en vacances faire la fête. Dans cet univers sea, sex and sun, l’une d’entre elles connaît sa première aventure sexuelle. Le récit analyse la frontière entre consentement et acte subi, en décryptant parfaitement la pression collective et le diktat effectué par la société. Tout en évitant un regard féministe trop engagé (le comportement primaire des garçons et des filles est traité à parts égales), on ressent une vive émotion pour ce drame. Bref, une œuvre bénéficiant d’un excellent ratio : intensité, réflexion et courte durée.
Pour un premier film, je dois dire que c'est impressionnant ! La manière dont la réalisatrice traite ces sujets dans ce long métrage sont d'une maitrise excellente ! On arrive à rentrer dans l'intimité du personnage principale, où l'on ressentira ces émotions à sa place. C'est un film puissant émotionnellement tant qu'il est d'actualité.
On pourrait croire à un film totalement insipide avec trois adolescentes en rut dans un univers de fête, voire de débauche, mais à la 30ème minute une "agression' sexuelle sur la plage pour la plus jeune d'entre elles rend la tonalité de ce film un peu plus consistante. En fait, la réalisatrice pose ici la question du consentement quand il y a alcool, emprise d'un homme habile, et surtout très jeune âge de la fille (16 ans). Mais ici y a t-il agression vraiment ? La "victime" a clairement dit oui à son "agresseur", qui a presque son âge, et avant pénétration. Malgré cet "incident" sur la plage, l'histoire continue dans une ambiance encore étrangement frivole et volubile, quoique certaines expressions faciales de la victime suggère l'inverse. La question du consentement est donc posée intelligemment car tout change et rien ne change dans un univers où les "agresseurs" ne sont pas punis. Pourtant malgré une photographie, un montage et une interprétation nickels, ce film court reste sans doute trop dans une forme de superficialité, celle d'adolescents en vacances peu portés à réfléchir mais très portés sur la chose, avec des dialogues creux... et pas sûr que ce côté très superficiel soit volontaire de la part de la réalisatrice, ou tentant à prouver quoi que ce soit.
Em, Skye et Tara célèbrent la fin de leur lycée en passant une semaine de vacances dans une station méditerranéenne très fréquentée. Pour Tara, ces vacances riment avec première fois et avec les limites à se fixer. C’est un très beau film, où les jeunes actrices livrent une prestation magistrale. Bouleversant. Une vision juste et contemporaine de la jeunesse et de la fête.
Trois ados anglaises veulent se faire dévierger dans un club low cost en Crete. Sujet totalement inintéressant. Oui mais, la réalisation interpelle : les plans sont découpés, non pas de manière chronologique, mais en fonction de l'attente du spectateur. Découpage totalement innovant ! Par ailleurs, le son est très travaillé (prenez en de la graine, mes chers compatriotes). Et cette jeune actrice (Mia McKenna j'sais plus quoi), my God! Elle maîtrise totalement les nuances, ce que fait d'ailleurs la caméra qui lui rend un grand hommage.
L'ivresse des vacances d'été pour trois amies qui partent en Crète après l'année scolaire. C'est l'expérience de la liberté et de tous les excès. Si on a l'âge des protagonistes, peut-être l'idée que c'est tout simplement génial, même si l'une des jeunes filles connait ses premières désillusions. Si on est une adulte affranchie, on regarde cela avec distance en se disant que tous ces excès ne donnent pas envie. Abus d'alcool, fêtes à gogo et quête du sexe. Ca tourne la tête. On est au bord de la nausée comme tous ces jeunes qui s'agitent. La réalisatrice est dans la même tranche d'âge de ceux qui sont à l'écran. Donc la plongée est sans concession. En espérant que les concernés sauront y voir les pièges pour ne pas tomber dans l'attrait de l'imitation. A voir !