Pour son premier long métrage en tant que réalisatrice, la comédienne Camille Japy n'a pas choisi la facilité : "Sous le tapis", son film, nous parle du deuil, et, plus exactement, des différentes façons dont le deuil est ressenti, est vécu, par les différents membres d'une même famille. Celui qui meurt, très brutalement, c'est Jean, alors que ses enfants et petits enfants sont en route vers son domicile pour venir fêter l'anniversaire d'Odile, son épouse. Odile, qui traîne un lourd secret depuis longtemps, est dans le déni, au point de cacher son mari sous le lit et, dans un premier temps, de ne pas parler du décès de Jean à l'arrivée de la famille. Sylvie, leur fille, dont on sent qu'elle était plus proche de son père que de sa mère, va s'efforcer d'organiser ce deuil familial d'une façon qu'on qualifiera de normale, ce qui veut dire de la façon qui est pratiquée par la grande majorité des familles. Pendant toute la période où le décès de Jean n'a pas encore été annoncé, Mathieu, me nouveau compagnon de Sylvie, va bassiner l'entourage par sa passion pour le vélo et pour la course à laquelle il doit participer et il va aller participer à sa course alors que Sylvie aurait besoin de lui auprès d'elle. Lucas, le fils de Jean et d'Odile, manifestement le chouchou de sa maman, est en couple avec Clara : ils sont amoureux, ils sont un peu hors-sol, ils se conduisent comme des enfants avec les 2 enfants de Sylvie et la petite fille de Mathieu qui, tous les 3, même si ils sont tristes, prennent ce deuil comme un jeu. Arrivera plus tard Hervé, le frère jumeau d'Odile, un homme qui, comme Sylvie, a les 2 pieds sur terre. Il y avait donc tous les ingrédients pour réussir un beau film sur le deuil. Malheureusement, certains des choix de Camille Japy freinent l'élan qu'on pourrait avoir vers son film. Au départ, a priori, une bonne idée : mêler burlesque et drame. Cela donne cette très belle scène où Odile, Lucas, Clara et les enfants se conduisent dans le deuil comme peuvent le faire certains amérindiens. Mais cela donne aussi des scènes trop forcées, la pire, qu'on peut même trouver très gênante, étant celle où Odile fuit l'enterrement de son mari en vitupérant. Dans ce film, le rythme est souvent trop mollasson mais la fin est magnifique, tout comme l'interprétation, avec une mention spéciale pour Bérénice Bejo (Sylvie) et Marilou Aussilloux (Clara). A noter que, malgré le thème, on a quand même droit à une scène de "trémoussage", cette fois ci très spéciale puisque très campagnarde, très champêtre.