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    N’attendez pas trop de la fin du monde
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    QuelquesFilms.fr
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    267 abonnés 1 637 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 octobre 2023
    C’est un film protéiforme, un montage-collage d’images d’époques, de styles et de tons différents, traversé de digressions et jouant avec la durée, en mode fulgurance ou longueur de temps… Bref, c’est un objet original. Et d’une intelligence caustique, corrosive, pour dire la déliquescence de notre monde contemporain : la déshumanisation, l’irrespect, l’agressivité, la vulgarité, la bêtise, le racisme, le cynisme ambiants, partout à l’œuvre. C’est aussi un pari audacieux de la part du réalisateur, car tendre aux spectateurs ce miroir social sans concession, sans échappatoire sympathique, sur 2h45, relève d’une expérience peu aimable, quand bien même elle est pertinente. On peut trouver l’ensemble bien pensé, mais également un peu long et fastidieux.
    traversay1
    traversay1

    3 554 abonnés 4 847 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 1 octobre 2023
    Le Monsieur Plus du cinéma roumain a encore frappé. Et comme Radu Jude vise juste, cela fait très mal, même si son cinéma polymorphe ne recule devant aucun excès, ou répétition, pour parler d'un pays, le sien, qui est passé sans transition d'une dictature (communiste) à une autre (capitaliste), cette dernière usant de moyens plus rusés que la première, pour imposer ses lois infrangibles, au détriment du citoyen lambda. N'attendez pas trop de la fin du monde accumule les références (de Goethe à Godard), les grossièretés (le trash des réseaux sociaux), les embouteillages, les musiques diverses (pas mal du tout, le turbo folk !) et les portraits d'accidentés du travail, avec en fil rouge la journée d'une assistante de production survoltée et rebelle dans l'âme. A vrai dire, le fil rouge en question se transforme en pelote de laine où le cinéaste multiplie les digressions et les provocations, se permettant même d'intégrer à dose homéopathique de véritables scènes d'un film roumain de 1981, qui racontait les pérégrinations d'une chauffeuse de taxi dans un Bucarest ou le quartier typique d'Uranus n'avait pas encore été effacé de la carte pour permettre la construction de l'atroce palais de Nicolae Ceaușescu. Ce film est dingue, forcément inégal sur sa durée excessive de 163 minutes, mais unique en son genre dans le cinéma actuel et il a le bon goût d'inviter à la fête la grande Nina Hoss, pour un rôle très court, certes, mais marquant.
    islander29
    islander29

    857 abonnés 2 352 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 septembre 2023
    Un film assez inqualifiable, dans un esprit new yorkais, serais-je tenté de die…Il y a du Jim Jarmusch très assimilé et mélodieux, il y a du Fellini assez imagé, il y a de l’esprit enfin dans les dialogues et le montage ;..Le film est original, il alterne deux époques, les années 70 ( époque Ceausescu) en couleurs, et l’époque actuelle ( années 2020) en noir et blanc « Jarmuschien » ;…c’est adroitement monté il faut le dire, avec l’héroïne principale souvent au volant de sa voiture,( Nina Hoss) elle fait un film documentaire en se déplaçant dans Bucarest, gros plans gracieux et émouvants, sur les accidentés du travail, pour une compagnie occidentale…Elle parvient vraiment à nous capturer dans ses grimaces, ses pensées, ses mimiques , son chewing gum, sa désillusion profonde sur la société roumaine, voire européenne,. Pour les amateurs de voitures anciennes et les connaisseurs, ils auront la chance à chaque plan en couleur, de voir des R12, (Renault) voiture que j’ai eu le privilège de conduire à travers l’Europe en 1980-81, la meilleure et la plus fiable voiture qui existe, à mon avis, même parmi les modèles actuels…Bon excusez-moi, pour en revenir à nos moutons, le film finit par devenir passionnant, avec des digressions sur le cinéma, des opinions politiques dans la dernière heure , et un montage et un noir et blanc, qui encore une fois nous capturent par leurs qualités…Pas besoin de s’attacher aux personnages, ils s’attachent à nous, c’est la marque d’une réussite, d’un grand réalisateur, retenez son nom…… ( Radu Jude)… Je conseille fortement, c’est juste très « intelligent »…..
    nlan86
    nlan86

    1 abonné 7 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 septembre 2023
    Jude est l'un des plus grands artistes vivants. Un chef-d'oeuvre. Si vous avez aimé ce film, je vous recommande son précédent, Loony Porn.
    Damien Vabre
    Damien Vabre

    162 abonnés 443 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 2 octobre 2023
    J'avais aimé le précédent film de Radu Jude sur l'hypocrisie face au sexe et la misogynie, il reprend une structure proche pour traiter de la dureté du libéralisme et encore de la misogynie avec moins de réussite. L'histoire beaucoup moins drôle est plombée par des longueurs comme les trajets en voiture pour montrer l'agressivité routière à Bucarest et la durée démesurée de la journée de travail d'Angela, et des lourdeurs comme les vidéos TikTok qu'elle tourne dans la peau d'un personnage horriblement misogyne ne sont pas très drôles et leur répétition amène une monotonie pénible.

    Le cinéaste roumain empile les références prestigieuses et sulfureuses dans les dialogues sans dépasser le stade du film édifiant pour dénoncer une société vulgaire, abusive et violente. Cela donne une réflexion assez brouillonne filmée par une caméra poussive, la réalisation à base de longs plans fixes manque vraiment de mordant et de richesse. Jude laisse les personnages seuls avec leur impuissance et leur souffrance, difficile alors d'être ému par le simple constat de vies malheureuses.
    Yves G.
    Yves G.

    1 454 abonnés 3 480 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 3 octobre 2023
    Assistante de production dans une agence de publicité, Angela sillonne interminablement Bucarest au volant de sa voiture pour trouver une victime d'un accident du travail qui interviendra dans la publicité commandée par une multinationale autrichienne.

    Radu Jude n'est pas adepte de la concision. Ses films sont aussi longs que leurs titres : "Peu m'importe si l'histoire nous considère comme des barbares" (2018) durait déjà deux heures vingt, "Bad Luck Banging or Loony Porn" (2021), Ours d'or à Berlin, était certes moins long, mais "N'attendez pas trop de la fin du monde", Prix spécial du jury au dernier festival de Locarno, tangente les trois heures.

    C'est cette durée obèse qui, à mes yeux, constitue le défaut rédhibitoire de ce film. Je le dis souvent, au risque de me répéter. Mais l'attention du spectateur, comme sa vessie, a ses limites qu'il est dangereux de tangenter. Certains films hors normes ont besoin d'une durée exceptionnelle : "Autant en emporte le vent", "Ben Hur", "Lawrence d'Arabie", "La Liste Schindler".... Mais cela doit rester l'exception. Étirer un film pendant trois heures pour venir à bout de la résistance du spectateur, comme certains réalisateurs arty s'y sentent désormais obligés, relève plus du geste faussement transgressif que d'une réelle nécessité cinématographique.

    Aurait-il duré une heure de moins, j'aurais eu un jugement moins sévère sur "N'attendez pas....". Car, comme le relèvent les critiques dithyrambiques qui l'encensent - lesquels, décidément, doivent avoir une attention et une vessie mieux adaptées que les miennes - sa transgression est sacrément culottée. Comme dans ces précédents films, au risque d'ailleurs d'épuiser une formule dont il s'est déjà servi, Radu Jude met en scène les tares qu'il entend dénoncer : c'était l'antisémitisme dans "Peu m'importe...", la bigoterie dans "Bad Luck Banging...", c'est le libéralisme effréné dans "N'attendez pas...".
    Il m'a fait penser à "Toni Erdman", sans doute parce qu'il se déroule en Roumanie, mais surtout parce qu'il décrit de la même façon, avec le même mélange d'humour et de cynisme, la logique déshumanisante du capitalisme. Son héroïne, essorée par son travail, taillable et corvéable à merci, est au bord du burn out ; la société de pub pour laquelle elle travaille traite avec le plus parfait mépris les handicapés qu'elle doit recruter pour son tournage et leur droit à l'image ; la multinationale tourne une pub sur les accidents du travail moins par humanisme que pour ripoliner son image...

    Angela, l'héroïne, s'est construit une soupape de sécurité pour évacuer les mauvaises ondes qui menacent de l'engloutir, un double diabolique et barbichu qu'elle met en scène sur Tik Tok grâce à un filtre numérique et à qui elle fait débiter les pires obscénités masculinistes.
    Autre mise en abyme : Radu Jude a rajouté au montage de longs extraits d'un film roumain du début des 80ies, "Angela merge mai departe" de Lucian Bratu, dont l'héroïne, également appelée Angela, conduit un taxi et traverse les mêmes expériences que son double contemporain. L'idée sans doute est de montrer que la Roumanie n'a finalement pas tant changé depuis quarante ans, la dictature de Ceaucescu ayant laissé place à une autre dictature, plus insidieuse, ultra-libérale.

    Le film se termine par un plan-fixe de quarante-cinq minutes (oui ! vous avez bien lu) qui concentre à lui seul ses qualités et ses défauts. Il s'agit du tournage de la pub avec le travailleur paraplégique que la production a finalement retenu. Dans un joyeux et bruyant désordre, le réalisateur lui fait répéter plusieurs fois son texte, en supprimant progressivement tout ce qui risque d'écorner l'image de son commanditaire, au point de dénaturer la réalité des faits. On comprend vite le sens de la scène. Pourquoi l'étirer pendant quarante-cinq minutes interminables ?
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