L’Entourloupe appartient à la carrière centrale de Pirès, à mon sens sa meilleure après des débuts assez foutraque et une fin de filmographie marquée par pas mal de navets boursouflés.
Ici on ne tient pas son meilleur film, mais il est dans le cinéma social comique et grinçant, comme Elle court, elle court la banlieue, et force est de constater que c’est son registre le plus intéressant.
Ici, il ne faut pas s’attendre à une histoire bien prenante. C’est le point faible du métrage, il n’y a pas vraiment d’intrigue, malgré une dernière partie qui essaye de relancer le film, mais qui ne le fait pas spécialement avec vigueur. En fait Pirès cherche surtout à décrire des gens, et à montrer le cynisme de ces derniers avec une causticité piquante et souvent réjouissante pour qui aime ce registre. Le film est volontiers méchant, et Etienne Chatilliez aurait pu s’atteler à ce métrage qui sait aussi faire preuve, parfois, d’une certaine tendresse. Franchement Pirès s’amuse vraiment avec ses personnages, mais c’est dommage que ce soit au service d’une intrigue aussi faible, les moments de flottements étant clairement sensibles !
Le casting est bon, mais il est surtout dominé par Jean-Pierre Marielle ! Gérard Lanvin est presque transparent, Jacques Dutronc est pas mal, Anne Jousset est très bonne, mais Jean-Pierre Marielle casse la baraque avec son personnage qui lui convient à merveille. Vendeur de talent, il est aussi délicieusement détestable parfois, et l’acteur impose son charisme, sa gouaille, dans cette comédie où il fait merveille. Il est clairement un des intérêts majeurs du métrage. Anne Jousset est intéressante aussi, par son jeu d’actrice et par son personnage original et plus fouillé que ceux de ses comparses masculins.
Sur la forme on appréciera l’ambiance particulière du terroir très profond dans lequel se passe le film. C’est la petite originalité de L’Entourloupe, qui pour le reste ne peut pas franchement compter sur une mise en scène très inspirée de Pirès, ce dernier faisant un travail plutôt minimaliste et parfois même assez décevant. La bande son aussi d’ailleurs et très décevante, pour ne pas dire nulle ! C’est regrettable que ces deux aspects n’aient pas fait l’objet d’un peu plus d’attention.
Au bout du compte L’Entourloupe est un film que j’ai regardé sans déplaisir, mais dont on ne peut s’extirper de la tête qu’il est mineur. Ce n’est pas ingrat, mais Pirès a tourné ce film en dilettante, avec une histoire superficielle et une réalisation simpliste pour en fait s’attacher à décrire des personnages et des échanges originaux entre eux. Je dirai que ce n’est pas mauvais, mais ce n’est pas bon non plus. 2.5