Bien filmé, jusqu'au "verisme" d'un reportage de guerre, mais visuellement beau jusqu'au grandiose. Scénario et découpage parfaitement maîtrisés, acteurs excellent, et pas que les vedettes. Le savoir faire d'Hollywood, qui ne fait jamais oublier ses ambiguïtés.
Le photographe de guerre pousse l'amour de son art jusqu'au sacrifice suprême, sauf que curieusement les balles auxquelles il s'expose jamais ne l'atteignent. Comme si cet étasunien était mis devant nos yeux juste pour nous faire oublier par son courage, ses nobles sentiments devant la dictature de Somoza le soutient de celui-ci par les USA. Cf; "Somoza est un salaud, mais c'est NOTRE salaud". Car, certes, ce dictateur est atroce, mais le film, à travers le personnage joué par Trintignant, donne à la fin de bonnes raisons à l'action de la CIA : il faut bien lutter contre le communisme, on vit dans un monde binaire, c'est comme ça. Dommage que les poètes aient choisi le mauvais camp. On va devoir les buter...
De vraies réussites, sinon, comme ce "chien de guerre" que croise plusieurs fois le photographe, mercenaire ici et là, et tantôt dans un camp, tantôt dans l'autre, tuant comme l'autre photographie, avec juste le souci du sale travail bien fait. Ou Somoza partant en exil avec ses morts.
Sinon, la romance entre reporters, pas si gratuite. Ça sert à montrer que les étasuniens ont non seulement de belles idée, bien nobles, mais aussi des sentiments purs.
Une chose que le film laisse apercevoir : la chute du tyran laisse un pays en ruine qui ne se relèvera pas. Bien vu. Le traitement du Nicaragua par la CIA a porté tous ses fruits pourris. Le pays est toujours déstabilisé en 2021.
Wikipédia : « Politiquement et éthiquement, le film manque singulièrement de focus, mais n'est pas pour autant faux-cul ». Erreur, "Under Fire" est faux-cul. D'ailleurs Somoza était un bien pire vicieux sournois que le fantoche représenté.