Après Tralala, leur comédie musicale gentiment déjantée, les frères Larrieu changent radicalement de style pour leur nouveau film, Le roman de Jim, adapté du livre de Pierric Bailly, sorti en 2021 chez P.O.L. L’histoire d’Aymeric Bailly (tiens, tiens…), un jeune homme, qui après avoir commis quelques bêtises et fait de la prison, retrouve un peu par hasard, après un concert, une copine, Flo (Lætitia Dosch), qu’il avait connu quelques années auparavant. Elle est enceinte, mais peu importe, car c’est le coup de foudre quasi immédiat. Ils s’aiment, et Aymeric, bonne pâte, accepte de devenir le père de substitution du petit Jim. Les années passent, le trio vit heureux, retiré dans un gîte du Haut-Jura, jusqu’au jour où un homme un peu étrange, Christophe (Bertrand Belin), débarque et vient troubler la sérénité qui régnait au sein de cette petite famille.
Le roman de Jim est sans doute le film le plus classique que les Frères Larrieu aient sorti jusqu’à maintenant. Pas exempt de fantaisie ni d’humour pour autant, ce mélodrame nous invite à suivre, sur près de 30 ans, le parcours d’un brave type, mais surtout d’un père contrarié, à qui l’on fera subir les pires choses, mais qui préfèrera la fatalité et l’acceptation plutôt que la vengeance et le ressentiment. Un homme simple, bienveillant, toujours positif, et d’humeur égale, au point qu’il en deviendrait presque agaçant, mais qu’on finit par admirer… Tout comme les femmes qui tombent sous son charme, trouvant en lui sans doute quelque chose d’unique en son genre… et cela, malgré un physique plutôt insignifiant. Non, l’essentiel est bien ailleurs, dans son regard, son sourire, son honnêteté, et dans l’infinie tendresse qu’il porte à ceux qu’il aime.
Avec cette belle adaptation, les Larrieu nous offrent un mélodrame sobre, ne tombant jamais dans l’émotion facile, bien à l’image de ce qu’était le roman, d’ailleurs. Un film rempli de personnages à la fois simples et complexes, comme Aymeric, incarné magnifiquement par Karim Leklou, qui tient là son meilleur rôle à ce jour. À ses côtés, Lætitia Dosch et Sarah Giraudeau incarnent des femmes libres et féministes sans avoir l’air de l’être, assumant leur choix de vie malgré les dommages collatéraux provoqués.
En guise de décors, on appréciera les montages du Haut-Jura (filmées la plupart du temps en été), offrant un cadre parfait pour accueillir ce petit monde, pour suivre cette belle histoire, et comprendre cette relation père-fils empêchée, qui vous tirera sans doute quelques larmes dans la dernière partie du film.
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