Le premier mot qui m'est venu à la fin de ce film est : AFFLIGEANT !
C'est terrible d'en arriver là, car il y a plein de bonnes idées, de belles choses qui transparaissent dans ce film (quelques scènes réussies, quelques paysages bien mis en valeur, une ou deux pointes d'humour), mais elles sont en bien trop grande partie plombées par une direction d'acteurs la plupart du temps catastrophique, des scènes qui ne fonctionnent pas, ou très mal, une voix off et un personnage principal insipide.
Cet aspect insipide du personnage (on nous dit dans le film que c'est de la "gentillesse") peut fonctionner au début du film : cela justifie que le personnage se laisse embarquer dans des relations qu'il ne maitrise pas
De ce point de vue, le premier quart du film fonctionne à peu près, et la rencontre avec la future mère de Jim est plutôt attachante
L'arrivée de Jim permet au film de décoller pendant quelques scènes, car les bébés (;-)) et l'enfant qui incarnent Jim à différents âges jouent juste :
la scène d'anniversaire et surtout la scène des premiers pas de l'enfant sont touchantes
, la proximité père-fils est plutôt bien montrée même si parfois un peu trop appuyée
Mais on ne peut pas toujours en dire autant des personnages adultes
Le personnage de Christophe,
perdu par la perte de sa femme et de ses deux filles
, vient polluer le rythme du film par une absence totale de jeu et/ou de direction d'acteur, et chacune de ses apparitions est, à mes yeux, juste in-su-ppor-ta-ble
Après la scène de
l'annonce du départ au Canada
, j'étais à deux doigts de quitter la séance
Tout était dissonnant dans cette scène : le jeu des trois acteurs, le rythme, la réaction des personnages
On s'enfonce encore un peu plus dès la scène suivante
d'au revoir sur le quai de la gare
Cet homme qui est devenu père, qui l'a élevé pendant plus de 7 ans, se voit voler son enfant par la décision inconséquente d'une femme dont on n'a guère montré sa capacité à être une "bonne" mère, et tout ce qu'on nous montre, c'est un homme qui ne montre pas plus d'émotion que cela au moment de quitter son enfant
Pour montrer son agitation intérieure, les réalisateurs n'ont d'autres moyens que de le faire tomber dans les pommes sur son lieu de travail...
Bon, j'exagère un peu, mais c'est pour moi un des gros problèmes du scénario de ce film : la quasi absence de réaction du père tout au long du film, ou alors des réactions qui tombent à plat par une mise en scène mal calibrée (
je pense notamment à la scène d'après concert du fils, ou bien de ce dialogue où l'insipide Aymeric tente de contrebalancer le reproche que son fils lui fait d'avoir longtemps attendu que son père vienne le sauver, en justifiant que lui aussi avait attendu désespéramment que son fils vienne à lui... Non, mais sans blague !
)
Il s'en est fallu de très peu, mais je n'ai pas quitté la salle
Sara Giraudeau est apparue, et le niveau du film s'en est trouvé tout de suite relevé
La justesse de son jeu, de ses répliques, sa présence ont apporté une éclaircie dans ce film, qui n'avait sinon plus aucun intérêt
Et le côté magique de l'arrivée de Sara/Olivia est que du coup, le personnage d'Aymeric prenait enfin consistance
Chaque scène où Sara Giraudeau/Olivia donnait la réplique à Karim Leklou/Aymeric, il se passait enfin quelque chose du côté de Karim/Aymeric
Tout le contraire de cette dernière scène entre Laetitia Dosch et Karim Leklou
Une scène de souffrance tout au long de la tentative de justification du comportement du personnage de Florence
Pas grand chose ne fonctionne dans cette scène (euphémisme...)
C'est terrible, ce film...
Il avait tout pour être un bon film : un scénario avec du potentiel, des acteurs avec du potentiel, des scènes inratables (et pourtant ratées), des réalisateurs reconnus...
Et c'est sans aucun doute ce dernier point qui m'a poussé à écrire cette diatribe : les frères Larrieu
En entrant dans la salle de cinéma, je n'avais aucune idée du film que j'allais voir
Je ne savais pas de qui était ce film, pas vraiment de quoi il parlait ; je m'étais retrouvé dans cette salle parce que la séance du film que j'étais venu voir était complète
Cela faisait longtemps que je n'avais pas été au cinéma sur un coup de tête, sans vraiment savoir ce que j'allais voir, et je me réjouissais d'avance d'être agréablement surpris par ce que je pensais être le premier film d'un réalisateur, un petit film d'auteur sans prétention
Pendant la projection, afin de m'expliquer les défauts du film, je me disais même que c'était peut-être le réalisateur qui jouait le rôle principal par manque de moyen pour un premier long métrage... (peut-être était-ce indiqué au début du film, mais je n'ai pas relevé le nom des réalisateurs)
Et puis, surprise ! Ce film est porté par les frères Larrieu ! Ceux-là même qui avaient commis "Peindre ou faire l'amour" dans lequel s'étaient déjà perdus Daniel Auteuil et Sabine Azéma... : un de mes pires souvenirs de cinéma
Si j'aurais su, j'aurais pas venu ;-)
Mais j'étais dans cette salle
Et j'ai vu ce film
Et j'en suis désolé
Désolé que certains réalisateurs aient une certaine cote auprès des critiques et peut-être aussi des spectateurs
Et que cela semble les rendre aveugles à des faiblesses flagrantes
Je vais arrêté de soulager ma conscience en terminant sur deux scènes :
D'abord, la toute dernière scène :
Je n'ai guère de mots : nulle, pitoyable, mal jouée, mal mise en scène, (
à part le sapeur-pompier qui seul réussit à garder une prestance dans cette scène
)
Et cette scène de la conversation téléphonique en visio...
Mais qui sont ces réalisateurs de seconde zone qui se sentent obligés de mettre l'enfant énervé en second plan pour insister sur le fait que : "oh, la, la, il n'est pas content Jim que son vrai père soit loin de lui !"
Mais ce n'est pas suffisant
On ajoute le personnage de Christophe qui enlève carrément l'enfant de l'écran pour appuyer à quel point ce n'est pas le bon père !
Ca va ? Les sabots ne sont pas trop lourds ???
Désolé, c'était plus fort que moi
Si on laisse les frères Larrieu s'exprimer, alors moi aussi j'avais besoin de m'exprimer ;-)