Disons-le tout de suite, je n’ai pas vraiment aimé « le Roman de Jim » présenté comme le mélo de l’été, un mélo ample et profond sur la paternité…qui met en lumière des gens modestes qui bricolent avec leur vie, cherchant en chacun, comme en chaque lieu, la singularité de l’ordinaire…. Aymeric, vrai gentil un peu perdu, qui vit de petits boulots, peu combatif face aux obstacles qui se dressent sur sa route, retrouve une connaissance, Florence, ancienne collègue du supermarché. Elle est enceinte de six mois, il assiste à l’accouchement, et en gars sympa, surtout en homme amoureux, Aymeric s’installe avec Florence et devient le père de Jim, dont le géniteur s’est évanoui dans la nature… Aymeric est en quelque sorte spectateur de sa vie, ce qui transparaît au travers de son goût pour la photographie. Les frères Larrieu mettent d’ailleurs brillamment en scène ses clichés en négatif. Il cumule les pellicules, témoin de ce et ceux qui l’entoure, mais pressent bien, au fond, que viendra le jour où il devra raconter son histoire…
Plusieurs années plus tard, débarque un certain Christophe, endeuillé puisque venant de perdre sa femme et ses deux filles dans un accident de la route…Christophe est en fait le père biologique de Jim, et Florence fait tout pour qu’il retrouve sa place, quitte à brusquer voire à briser Aymeric et Jim, un père et un fils qui se sont choisis…et des liens qui ne sont pas forcément fondés sur les liens du sang…
Adaptant un roman de Pierric Bailly les frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu tissent un récit délicat qui glisse sans à-coups sur plus de vingt ans, grâce à des ellipses travaillées et un continuum musical harmonieux… voulant "insuffler de la douceur à la fois dans l'attachement et dans l'arrachement" en filmant le temps qui passe, une idée "profondément en rapport avec le mélo ». Karim Leklou incarne Aymeric avec sa force tranquille, cette bonhomie étrange, presque inquiétante, qui n’esquive pas les émotions mais décale un peu les choses, qui prend des coups sentimentaux avec une capacité incroyable à les encaisser… Face à lui, Eol Personne, qui joue Jim enfant est tout autant bouleversant… On ne niera pas qu’on a failli lâcher une petite larme…ou que l’on a été sensible aux bouffées d’émotion…mais que l’on a tout autant légèrement bâillé devant cette histoire de paternité au charme désuet…