Basé sur les comics d'épouvante de Stephen King et mis en scène par George A. Romero, avec un casting alléchant (Leslie Nielsen, Ed Harris, Ted Danson...), et s'adressant à un large public en mêlant humour noir et frissons (légers), Creepshow a tout pour être un film-doudou qui fleure bon la nostalgie. Ce film à sketches d'épouvantes est le parent américain de ce que faisait la Amicus (THE spécialiste du genre), la touche "King" en plus. Il rappelle évidemment aussi les histoires effrayantes qu'on se raconte autour du feu ou en soirée-pyjama, amuse avec ses coups de théâtre ironiques en fin d'épisode, et s'offre des transitions animées très vintage (le côté "comic-book" est présent à chaque image, particulièrement au premier sketch et entre les suivants). On aime surtout ce fameux premier épisode Father's Day avec
le cadavre qui revient chercher son gâteau
("Bédélia !!! Je veux mon gâteau !!!") qui nous a fait vraiment bien rire (un humour cocasse généreux), ainsi que les deux derniers
(The Crate, avec son espèce de mandrill tueur planqué sous l'escalier, et They're Creeping Up On You avec son homme parano et colérique qui voit des cafards grouillant partout...)
. On se sera en revanche pas mal ennuyé dans The Lonesome Death of Jordy Verrill (malgré la présence de luxe de Stephen King qui s'éclate à jouer l'imbécile) et dans Something To Tide You Over (la chute n'est pas mal, mais il met du temps à se lancer...). Et surtout, ne négligez pas le prologue du film, vous pourriez rater le fils de Stephen King dans le rôle du petit garçon à qui le squelette raconte ces histoires (Joe King, devenu depuis Joe Hill, auteur de Black Phone, Locke and Key...), et dans les dernières minutes un petit caméo de Tom Savini en éboueur (célèbre truquiste et maquilleur du cinéma d'épouvante, ayant notamment officié pour le Zombie de Romero, et récemment pour l'adaptation de Black Phone, la boucle est bouclée). Creepshow affronte avec audace sa propre kitscherie (les effets dessinés, les arrières-plans zébrés, les filtres rouges, les cases de BD qui découpent l'image, les trucages très grossiers...), y parvenant parfois (nous donnant un sentiment d'enfant qui essaie de se faire peur et rigole en même temps) et se ratant ponctuellement (frôlant le film mal réalisé et ringard). Mais l'audace paye, les noms au générique font tourner la tête (et ils s'éclatent visiblement, chose rare), le budget serré de 8 millions est honorable pour un film de 2h qui, en démutlipliant les histoires, entraîne forcément une multiplication des frais (décors, acteurs, trucages... vous repèrerez quand même qu'on retrouve le cendrier en marbre noir dans plusieurs sketches), et les histoires sont originales. Kitsch, mais sympathique.