Alors que des ombres belliqueuses de soldats se dessinent dans la nuit, une jeune femme fuit leur menace au sein de l'immensité de la forêt. Seule et désemparée,, elle va choisir de tout faire pour survivre...
Rien n'est dit mais tout est là. Omniprésent à l'image.
Devant la caméra de Mickael Perret, cinéaste autodidacte (et qui, d'ailleurs, a autoproduit ce premier long-métrage de 45 000 euros, pour une durée de tournage de deux semaines, respect), la nature tout d'abord, forcément: les étendues d'arbres à perte de vue d'une forêt des Vosges viennent comme étouffer par leur inamovibilité séculaire la guerre des hommes qui s'y engouffre à travers son héroïne et de possibles poursuivants sur sa piste.
Ensuite, le périple mutique de cette jeune fugitive débute. La chrysalide de sa fragilité face aux chocs de l'horreur humaine (habilement suggérées ou plus explicites) se fendille peu à peu sous nos yeux pour épouser une forme de résilience exponentielle devant cette fois les épreuves que la nature elle-même met sur sa route. Le cinéaste nous retranscrit son odyssée au travers de superbes tableaux naturalistes, tirant bien évidemment parti de la beauté offert par la variété des décors sylvestres mais également par un sens du cadre qui n'est jamais pris en défaut pour amplifier la puissance sensorielle des événements en train de s'y jouer, donnant souvent même l'impression que la nature trace presque consciemment, entre ses bienfaits et dangers, le chemin de son invitée inattendue afin de faire grandir le coeur battant de sa volonté de survie.
Aussi, il y a tout simplement la force de celle qu'il l'incarne par sa seule présence devant la caméra: Manya Muse. Choix absolument idoine pour donner naissance à cette héroïne et le vivier d'émotions qu'elle bâtit sur le chaos pour y faire émerger la lumière, la comédienne donne un incontestable magnétisme (lui aussi naturel) à son personnage dont la caméra s'empare avec justesse pour tracer les contours tout aussi intimes que physiques de ce voyage éprouvant.
Enfin, on n'oubliera pas de saluer la sublime musique composée par Cyriak, actrice à part entière de l'œuvre, l'habillant et décuplant sa sensibilité d'une façon tout bonnement imparable à chaque fois qu'elle se fait entendre (la scène du face-à-face, sans trop en dire, en est le plus bel exemple).
Faisant le pari de partis pris risqués pour un premier film, "Natura" les remporte pourtant haut la main, donnant bien entendu envie d'en découvrir plus de la part de son réalisateur prometteur. On sera là pour le deuxième.