Un Comencini rural, c’est vrai que ça surprend ! D’ailleurs, il fait bien de garder la télévision pour faire le lien avec Rome, car toutes les routes scénaristiques n’y mènent pas. Elle lui sert par la même occasion à reconstruire une mini-salle de cinéma autour de voisins, le genre d’infatuations fugaces d’un village italien pour l’image en noir & blanc sur laquelle l’athlète éthiopien Abébé Bikila gagne pieds nus le marathon olympique de 1960.
Admiratif devant l’écran, le dénommé Mimi fait l’école buissonnière à la course, pieds nus lui aussi. Il défait ses lacets pour couper à travers ceux que forme sa route calabraise, plus rapide que le bus qui le conduit à l’école et dont il finit par rencontrer le chauffeur, un vieux rêveur boiteux qui complète le trilemme : un père désirant qu’il étudiât, une mère qu’il le suivît, et le vieux qu’il courût.
Au détour d’un sentier ou d’un champ, Comencini place timidement une amourette qui fait pâle figure au regard du reste ; la joliette est pom-pom girl malgré elle & la pauvreté de son rôle annonce celle qui est à venir chez des protagonistes autrement plus riches au début, tels que le père, justement.
Ces passions champêtres, auxquelles on ne croit jamais plus qu’aux invectives paternelles, atteignent le modeste paroxysme de leur beauté avec le conflit entre le père & le vieux, le pragmatique & l’utopiste, durant lequel une phrase est lâchée qui, à défaut d’être défendable, fait rêver :
« Je lui raconte des mensonges magnifiques et tu le trompes avec la réalité. »
L’essence du garçon de Calabre est là, dans l’univers qui régit son ascension des marches compétitives et l’accession depuis les courses locales à des trophées plus alléchants. L’intérêt n’est, par contre, pas du tout dans le reste de la veine sportive.
Mimi est malmené, tiraillé, et l’impassibilité de son teint mat ne peut pas aller sans une explosion quelque part. Pourtant, il accède à la générosité soudaine de son père & aux qualifications pour les finales de Rome avec une facilité consternante, pas du tout à la hauteur de ce que les piques pseudo-réalistes sur la cruauté du sport – montrant que le regret est dans le succès aussi – pouvaient nous faire attendre.
En sollicitant les jambes agitées de la jeunesse italienne, Comencini proposait au cinéma de retrouver le sens primaire de son mouvement. Il ne s’est pas gêné pour créer de beaux plans qui avancent comme sur des roulettes, mais ses trébuchements manquent d’adéquation.
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