Avant d’entamer sa fameuse série de sept westerns avec Randolph Scott qui lui permet d’être encore à ce jour considéré comme un des maîtres du genre en compagnie de John Ford, Howard Hawks, Raoul Walsh, William A. Wellman, Henry Hathaway, Delmer Davis, Anthony Mann, John Sturges Sam Peckinpah et Clint Eastwood, Bud Boetticher réalisa quatre westerns pour Universal. « Le traître du Texas » sorti sur les écrans en 1952 est le plus accompli et annonciateur de ce que sera la tonalité des films à venir dur réalisateur. L’intrigue est écrite par Louis Stevens, scénariste expérimenté ayant débuté sa carrière au temps du muet. Le film prend pour contexte le retour au foyer des soldats sudistes à la fin de la Guerre de Sécession qui deviendra quelques vingt ans plus tard transposé à la Guerre du Vietnam, un thème récurrent des cinéastes du Nouvel Hollywood comme Martin Scorsese, Hal Ashby, Michael Cimino et quelques autres.. L’entame plutôt bucolique mais aussi très signifiante montre trois hommes dont deux frères, chevauchant paisiblement alors qu’ils arrivent aux abords de leur région d’origine, le Texas. Le jeune Tiny (James Arness) se rêve en « repopulateur » de L’État, prêt à faire don de sa virilité trop longtemps contenue à toutes les jeunes femmes qu’il imagine frustrées durant son absence de quatre ans. Neil Hammond (Rock Hudson) le cadet n’envisage pas autre chose que de reprendre la direction du ranch familial pour permettre à ses parents de profiter d’une retraite sans doute retardée par la survenue du conflit. Reste Don Hammond (Robert Ryan) pensif et moins enthousiaste que ses jeunes compagnons de retrouver une certaine forme de routine. Visiblement son avenir lui semble incertain, la guerre l’ayant profondément marqué alors qu’il aborde l’âge mûr, celui où les décisions seront plus lourdes de conséquences. Cette entrée en matière superbement filmée servira de fil conducteur à toute l’intrigue qui va voir les destins des deux frères emprunter des voies diamétralement opposées et particulièrement dramatique pour Dan que l’épreuve de la guerre a changé ou tout simplement révélé à lui-même. Particulièrement réaliste, Boetticher ne cède en rien aux poncifs habituels y compris au plus facile d’entre eux qui voudrait que l’amour rédempteur incarné ici par la très séduisante Julie Adams offre une issue heureuse. Toujours concis et remarquable directeur d’acteurs, le réalisateur filme au plus près un Robert Ryan comme toujours excellent qui incarne) travers son personnage torturé » la question centrale du film. Comment la guerre peut briser les hommes même quand ils en reviennent sans traumatisme apparent ?