“Pour montrer des moments noirs, il faut montrer des moments de gaieté” Vincent Lindon
Et c’est là l’essentiel du propos de Jouer avec le feu : comment arrêter l’insidieuse et lente rage qui consume un enfant, lorsque celui-ci arrive encore à nous montrer des instants de complicité, de candeur ?
Pierre (Vincent Lindon) est cheminot et élève seuls ses deux fils, Louis (Stefan Crepon) et Fus (Benjamin Voisin). Leur quotidien est simple, sans misérabilisme ni violence. Pourtant, à l’âge des envies d’ailleurs et des premières amours, l’un semble plus taiseux que l’autre. Ses amitiés sont secrètes, ses sorties fréquentes et tardives. Alors Pierre se questionne, fouille, surprend son fils à des échanges avec des skinhead.
Jouer avec le feu nous montre donc comment le manque de dialogue peut détruire une relation, même lorsqu’il y a de l’amour. “Faire de son mieux” ne semble ici pas suffisant, et l’inquiétude ronge peu à peu Pierre en un père plus absent, plus taiseux. La caméra de Delphine et Muriel Coulin est proche des acteurs, filme leurs regards, leurs expressions de joie, de tendresse. On y voit l’amour d’un père, la solidarité entre deux frères. Ces instants volés nous rapprochent d’autant plus du sujet traité.
Chaque comédien est juste à son endroit, sans fioritures, avec la belle surprise de voir Arnaud Rebotini dans un second rôle. On voudrait en voir plus, mais le film invite déjà au principal : ouvrir le dialogue avec ceux que l’on aime.