Après le tandem infernal des poupées Annabelle & Megan, c'est au tour du tout mignon ours en peluche Chauncey de venir tenter d'imposer sa grosse papatte dans la collection de jouets maléfiques du cinéma d'épouvante contemporain. Mais bon, sous l'égide d'un duo au moins aussi diabolique pour chercher à éliminer nos neurones d'amateurs du genre, Jason Blum et son poulain Jeff Wadlow (responsable des morts cérébrales provoquées par les inénarrables "Action & Vérité" et "Nightmare Island"), le petit faible que l'on a pour Blumhouse et, parfois, la récompense de certaines bonnes surprises qui peuvent émaner de cette machine à cauchemars (littérale ou non) avait néanmoins beaucoup de mal à rivaliser avec le très fort pressentiment que notre regard allait finir aussi vide que celui de Chauncey au terme de la découverte de "Imaginary". Et, devinez quoi, on n'avait pas tort...
Tout commence évidemment par un inévitable déménagement qui voit, cette fois, une auteure de livres pour enfants venir se réinstaller au sein de la maison de sa prime jeunesse dont elle ne garde que très peu de souvenirs.
À la tête d'une famille recomposée où elle cherche encore à se faire une place, elle va très vite retrouver l'inspiration pour ses créations grâce à la cadette, fan des histoires de sa belle-mère et bientôt heureuse propriétaire de Chauncey, un ourson sorti de nulle part sans inquiéter personne et prenant une place d'ami imaginaire très importante auprès de sa jeune propriétaire.
Tout le monde est apparemment très content d'entendre la petite fille parler avec une drôle de voix à son petit compagnon inanimé jusqu'à ce que, bien sûr, la situation prenne des proportions de plus en plus étranges...
Vous l'aurez sans doute compris, toute la panoplie des conflits à résoudre d'une famille à construire est de sortie, de la façon la plus fainéante et moins subtile qu'il soit ! Une héroïne qui doit cicatriser de son passé pour obtenir un power up de "nouvelle mère", une fille aînée hostile à conquérir, une petite se réfugiant dans un monde pas si imaginaire en vue d'échapper à son trauma... On a vu ça des dizaines de fois, particulièrement chez bon nombre de Blumhouseries, et "Imaginary" nous les expose sans la moindre imagination durant une première heure qui s'y étale plus que de raison tout en étant incroyablement famélique en termes de scènes pensées comme flippantes (on en retiendra peut-être juste la séquence du jeune voisin idiot au possible).
Et c'en est même un peu dommage car, s'il est très banal dans la composition de son univers surnaturel enfantin proposé et chargé de conduire à la guérison de ses protagonistes insipides, "Imaginary" n'est pas le plus honteux que l'on ait vu en la matière, en particulier venant de la part de Jeff Wadlow qui signe ici peut-être sa "moins pire" oeuvre chez Blumhouse, notamment lors d'une dernière partie qui a un certain potentiel, où l'on entrevoit quelques idées et apparitions susceptibles de se démarquer de la masse... Malheureusement, faute de talent, Wadlow trouve là encore le moyen d'en faire ressortir le minimum syndical à l'écran, se contentant de s'inspirer de références bien plus grandes qu'il ne pourra jamais l'être (au hasard, "Les Griffes de la Nuit" et "Ça") alors qu'un univers débridé de toute rationalité lui tendait les bras pour toutes les folies possibles.
Pauvre Chauncey, tout dépeluché à cause de cette inexplicable confiance que Jason Blum garde pour un Jeff Wadlow qui ne semble jamais le lui rendre autrement (et surtout pas artistiquement) que par l'aberrante masse de billets verts rapportés encore par ses films au box-office. Non pas que l'ourson avait suffisamment d'atouts entre ses griffes pour être le héros d'un réel bon film mais, guidé par un autre dresseur de cauchemars, il y avait lieu d'imaginer quelque chose de plus efficace et amusant comme spectacle autour de lui. On en parlera autour d'un bon thé avec Chauncey plus tard... tout en grignotant les restes de Jeff Wadlow.