J' avoue être allé voir Immaculée sans absolument aucune attente.
Tout d' abord parce que le pitch ne m' attirait pas des masses , mais avant tout parce que je m' attendais aussi à un énième film de possession/ exorcismes dont Hollywood est si friand et qui avouons le est un sous genre qui n' a rien donné de bien intéressant depuis au moins 20 ans. Et bien quel ne fut pas ma surprise quand j ' ai découvert ce dont traité vraiment ce métrage.
Et dés la première scène on comprend le danger ambiant entourant cet étrange couvent Italien où la jeune sœur Cécilia ( Sydney Sweeny) vas échouer. Le sentiment étrange qu' un mal obscur rode dans ce couvent rempli de mysticisme et que dés son arrivé Sœur Cécilia y est isolée et pas à sa place. Le film à sur ce point une la brillante idée de laissé une partie des dialogues en Italien , renforçant l' idée que Cécilia est loin de chez elle , que la barrière de la langue vas souvent être un obstacle pour ce faire comprendre et que en ce sens, personne ne pourra lui venir en aide.
On navigue ici dans un film à l' imagerie et aux symboles religieux forts , rien que dans l' idée de faire de Cécilia
une vierge immaculée tombant enceinte par la grâce du Saint Esprit ( ou est ce l ' oeuvre du diable ? )
).
Toute cette symbolique très catho po**, on la retrouve également dans le décor principal.
A ce titre , le travail sur la photographie et sur la direction artistique de ce film est vraiment soigné, on sent un véritable cachet sur Immaculée, que le réalisateur et ses équipes se sont donné du mal pour donné une vraie identité visuelle à leur film.
Cet immense couvent aux airs baroques où chaque pièces , chaque recoins ont l' air de cacher un sombre secret , est un des atouts majeurs du métrage. Endroit aussi magnifique qu' étouffant , on ressent tout le poids de ce couvent et des secrets qui s' y cachent s' écraser sur les frêles épaules de sa protagoniste principale.
Le travail sur les sources de lumière ( des lieux sombres souvent éclairés à la bougie ou au mieux avec une lampe torche) et sur la pénombre renforce un sentiment de malaise et d ' oppression pesant sur plusieurs scènes clés du métrage, . Comme l' héroïne principale , nous nous perdons dans les recoins sombres de ce couvent à la recherche de réponses ou tout simplement d' une issue.
Le personnage principal parlons en justement. Sydney Sweeney dans le rôle de Sœur Cécilia est époustouflante dans l' émotion pure qu' elle apporte à son rôle. Passant d 'une jeune sœur limite ingénue et frêle à plus tard dans le métrage une femme redoublant d' ingéniosité et de hargne pour lutter pour sa survie, Cécilia passe par toute une palette d' émotions et Sydney Sweeny , se donne clairement à fond dans ce rôle phare. Une véritable révélation !
Faisant souvent écho à Mia Farrow dans sa célèbre interprétation dans Rosemary's Baby , on comprend que vite que Cécilia est au cœur d' une machination dont elle est l' instrument et qu' elle vas devoir être rusée pour s' y sortir.
La référence à Rosemary's baby est évidente, ( l' imagerie entière du film fait également appel à tout un pan du cinéma italien BIS des années 70) , à la différence près où la ou Rosemary accepte finalement son destin de " mère porteuse" d' un être divin ou diabolique, Cécilia elle vas affronter ça de manière beaucoup plus radicale et sera beaucoup plus combattive dans le dernier tiers du métrage. Le dernier plan du film est à ce titre vraiment marquant.
Visant un modèle patriarcal encore bien présent dans l' Eglise en utilisant le corps d ' une jeune femme comme d' un instrument dont on peut se servir pour des expériences abominables , le métrage se veut fondamentalement féministes dans ses intentions. Les enjeux du film tournant autour de la religion évidemment , du pouvoir de la dévotion, mais également et c' est peut être le plus important de l' appropriation pour une femme de son corps.
Le film n' oublie pas de s' adresser réellement aux fans de film d ' horreur plutôt qu' à un public pré- pubères, il n ' hésite pas à verser ponctuellement dans un gore généreux , où les corps sont malmenés ou mutilés et où j' avoue avoir détourner le regard une ou deux fois. Le réalisateur n' évitant pas quelques jumps scares faciles dans la première moitié du métrage hélas. Heureusement pour nous plus le récit avance , plus le film s' articule autour d' un piège mortel où le destin de sœur Cécilia semble scellé. Jouant avec la pénombre ou un sentiment de claustrophobie , Immaculé n' épargne aucune souffrance à ses personnages et certaines morts sont assez cruelles.
Mais la où sur ces aspects techniques je ne vois que des points positifs sur ce film , c ' est bel et bien sur le fond qu' il perd des points. Comme son nom l' indique , le personnage de Cécilia, comme de nombreuses figures bibliques, vas tomber
enceinte alors qu' elle est n ' a jamais gouté au péché originel
.
Et honnetement, les explications entourant cet événement est vraiment tiré par les cheveux.
Confrontant comme c' est souvent le cas dans les films de genre ( l' Expérience Interdite , Ré animator ou l' Exorciste en tête ) , la science et la religion , toute la machination entourant le personnage de Cécilia se conclue au final de la manière la plus bancale possible. La dualité entre la religion et l' approche scientifique est pour le moins intriguant, mais l' explication sur le procédé et sur la finalité du projet hautement ridicule.
Sincèrement , on ressent que le scénario partait sur des bases solides et une idée centrale intéressante mais qu' on ne savait pas comment donné une réponse satisfaisante à celle ci.
Vous l' aurez compris ,le film est un quasi sans faute lorsqu' il s' agit de donné vie à ses personnages , à ses décors , des enjeux intéressants ou à installer progressivement une ambiance oppressante , mais se plante quelque peu dés lors qu' il doit donné des explications cohérentes.
Honnêtement j' ai pris énormément de plaisir au visionnage d' Immaculée , et je me suis laissé prendre par son ambiance très mystique de la première à la dernière seconde. Sydney Sweeny est clairement une étoile montante d' Hollywood et le film assez radicale dans ses effets n' oublie jamais à quel public il s' adresse.
Bien au dessus des films d' exorcismes rances qu' Hollywood aime nous servir régulièrement ( au hasard L' exorciste Dévotion !) , Immaculée se veut comme un petit miracle.