Une jeune femme entre au couvent pour mettre un peu d'ordre dans sa vie, mais problème : la moitié des bonnes sœurs est frappadingue (et aime bien les angles de murs dans l'obscurité...), le curé de la paroisse est beaucoup trop sexy pour sa fonction (on ne sait pas trop ce que fait Alvaro Morte, "El Profesor", dans ce rôle qui clignote "attention je vais être
l'antagoniste-surprise dans le final
", un choix de casting qui gâche tout suspens dans un parterre de seconds-rôles totalement transparents et interchangeables), et on oublierait presque le principal, à savoir que la jeune femme est en cloque, sans avoir croqué dans la pomme. Oh ben mince alors. La robe de nonne s'arrondit inlassablement, les veines aux tempes des autres sœurs palpitent d'énervement ("Elle ment !") ou d'excitation ("C'est l’Élue !"), et nous : on s'ennuie poliment, en se réveillant quand même pour quelques scènes un peu sanglantes, et replongeant dans l'attente d'un duel tout tracé. On n'a d'ailleurs pas très bien compris les explications
du curé sur ce qu'il avait concrètement fait à la sœur, car on voit bien des fioles en tous genres
, il part dans des obscurs monologues, et on a dû mal à relier les infos entre elles (mais soit : on n'est pas là pour l'intelligence du scénario). On a quand même retenu la dernière scène "choc", celle où
le bébé (qui n'avait rien demandé) se fait exploser par la maman (qui n'avait rien demandé non plus),
enfin une scène un peu surprenante dans un film jusque-là très propre, très prude, très timide à l'idée d'éclabousser les symboles d'une religion populaire (n'espérez pas voir du blasphème ou du profane à l'excès : on égratigne gentiment la surface, ce qu'on peut comprendre pour un produit hollywoodien qui doit penser à son chiffre d'affaire...). On sera donc très déçu de voir que le film ne joue quasiment jamais avec son cadre, ses personnages, se bornant à de bêtes sursauts déjà vus mille fois (la scène du confessionnal : on s'attendait à avoir une vision cauchemardesque du cureton, une déformation infernale de la cabine, mais non : encore une scène de mains qui sortent de derrière, et cut, merci bonsoir. La scène pourrait se passer n'importe où, avec n'importe qui d'autre que des religieux, on aurait eu le même effet de surprise très bas du front : jamais Immaculée n'exploite ses potentiels d'effroi, et c'est bien dommage). Sidney Sweeney s'en sort quand même bien, il y a quelques scènes qui tentent de jeter un peu de sang au visage, la scène finale est une petite audace (on s'attendait à un discours "pro-life" comme le récent ratage L'Exorciste : Dévotion), et dans l'ensemble, même s'il a trop peur lui-même de jouer avec son sujet, il donnera peut-être envie à quelques amateurs d'horreur de découvrir la "nonnesploitation" (oui, ça existe).