Aimant beaucoup la carrière du père, le fait de voir Ishana Shyamalan arriver au cinéma m'a forcément intrigué. "Les Guetteurs" est donc son premier projet, et dans la lignée de son père, le concept et l'ambiance sont pleinement tourné vers l'horrifique. Honnêtement, cela me tentait plutôt pas mal, il semblait y avoir une idée intéressante à traiter via ce parti-pris de départ. Pourtant, j'ai essayé de ne pas comparer le travail de cette jeune réalisatrice à celui de son père, car ce n'est pas très productif. Cependant, tout le film me hurle son influence et me montre qu'elle ne le maîtrise pas. Déjà, j'ai parlé du style, on retrouve beaucoup la patte du père, mais ce n'est pas franchement dérangeant à ce niveau-là, car Ishana Shyamalan a plusieurs très bonnes idées visuelles. Elle travaille plutôt bien la pénombre, avec cette idée de cacher les créatures, de les laisser le plus possible dans l'ombre. Et même quand elles sont amenées à l'image, on ne montre que leurs silhouettes dans un premier temps, pour renforcer le sentiment d'angoisse face à cela. Cette idée étant renforcée par les décors très angoissants de cette forêt, qui est un superbe environnement horrifique, très brumeuse, avec des arbres longs qui cachent la lumière. En bref, le décor et l'esthétique laissaient présager le bon. Malheureusement, tout ce que son père réussit à faire au niveau de l'écriture, elle l'a totalement ratée. Encore une fois, le concept est intéressant, il amène à beaucoup de bonnes choses, mais un concept ne fait jamais la qualité d'un film. Surtout que ce dernier pouvait aller vers énormément de directions en matière de thématiques. Cependant, le film insiste beaucoup trop rapidement sur les intentions de cette idée, avec ce rapport à la téléréalité. Et c'est ce qui définit le long-métrage en général, il n'y a rien de subtil là-dedans. Dès le début, les dialogues sont dans le maximum de l'explication, tout doit être raconté plutôt que montrer. Et c'est un problème quand on veut faire tenir un concept pareil, car passé son temps à faire parler les personnages pour comprendre l'univers, cela donne juste une impression de fainéantise. Cela ralentit considérablement le rythme et amène le spectateur à n'avoir aucune réelle interrogation. Tout cela se ressent particulièrement dans la conclusion, celle-ci partant d'une bonne intention, mais amenant tout sans subtilité, on voit venir le twist à des kilomètres. Et tout cela se fait sans compter les nombreuses erreurs d'écritures du scénario.
Comment ça se fait que personne n'a jamais soulevé la table pour voir ce qu'il y avait en dessous ? Comment le professeur a réussi à construire un complexe dans cet endroit avec tout ce qui s'y passe ? Comment personne n'a pu toucher à son bureau depuis toutes ces années ?
En bref, il y a énormément de facilités. Encore une fois, Ishana Shyamalan a du talent, cela se ressent. Elle a des idées et elle sait les appliquer dans ses visuels. Mais il va falloir beaucoup travailler le fond si elle veut réussir à être aussi pertinente que son père. Pour conclure, l'élève ne dépasse pas le maître pour cette fois-ci.