________
Pour le lecteur pressé, en moins de 3 minutes : https://youtu.be/WoC-qqS1k7E
_______
Dans un monde où le diable se cache souvent dans les détails, Nefarious tente une approche audacieuse : et si le mal ne venait pas d’un démon à cornes, mais d’une conversation en tête-à-tête ? L’idée est séduisante sur le papier, mais encore faut-il la porter avec finesse.
Dès les premières minutes, le film pose ses pions. Un psychiatre rationnel (Jordan Belfi, aussi expressif qu’un mur fraîchement repeint) doit évaluer un détenu sur le point d’être exécuté. Le problème ? Ce dernier, incarné par Sean Patrick Flanery, clame être possédé par un démon et joue son rôle avec un enthousiasme qui frôle parfois le cabotinage. À mi-chemin entre l’intensité habitée et la surenchère théâtrale, sa performance divise : certains y voient une prouesse hallucinante, d’autres une caricature de méchant Disney sous stéroïdes.
Le film repose quasi exclusivement sur des dialogues. Des dialogues longs. Très longs. Tarantino appelle ça un mardi matin. Ici, l’idée est de créer une tension psychologique, mais la mise en scène statique et le découpage austère finissent par donner l’impression d’assister à une joute verbale sans fin, où la profondeur est parfois sacrifiée sur l’autel de la lourdeur. Certains moments, censés être saisissants, tombent à plat tant la mécanique semble artificielle.
La photographie minimaliste accentue cette impression : pas de jumpscares ni d’effets spectaculaires, juste deux hommes qui parlent dans une pièce. Un choix osé, certes, mais qui manque parfois d’impact visuel pour soutenir le propos. On aurait pu espérer un peu plus d’audace dans la mise en scène, mais le film préfère se reposer sur son script, au risque de perdre une partie de son public en route.
Quant à la réflexion proposée, elle est là, bien présente, mais elle manque de nuances. Le film pousse parfois ses thématiques avec un marteau-piqueur, là où une approche plus subtile aurait permis d’instaurer un véritable malaise.
Nefarious tente de renouveler le thriller psychologique en misant tout sur la confrontation verbale et les dilemmes moraux. Certains y verront une réflexion audacieuse sur le bien et le mal, d’autres un exercice de style un brin bavard qui se prend très (trop ?) au sérieux. Une chose est sûre : si vous cherchez du grand spectacle, passez votre chemin. Ici, l’horreur se murmure plus qu’elle ne se montre, avec une insistance qui frôle parfois la prêche déguisée.