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soulman
86 abonnés
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4,5
Publiée le 24 mai 2024
"Rivière de nuit" est un très beau film qui, à l'instar des oeuvres de Naruse et d'Ozu de la même époque, dresse le portrait d'une femme moderne, libre, qui tourne le dos à l'amour qui lui tend enfin les bras dans le souci d'affirmer sa condition. On comprend néanmoins que cette volte-face a un prix incommensurable pour l'héroïne, laquelle semble faire le choix de la tristesse et du regret. Tournée en de magnifiques couleurs par un cinéaste quasiment inconnu en France, l'oeuvre est ancrée dans le Japon d'après-guerre, passant de la teinturerie familiale au laboratoire du chercheur universitaire, sans omettre les lieux les plus souvent représentés dans le cinéma nippon comme les restaurants et les chambres d'hôtel. Dans les rôles principaux, Fujiko Yamamoto et Ken Uehara sont magnifiques de sensibilité.
La sortie en salle d'un inédit du cinéma japonais de 1956, réalisé par Kozaburo Yoshimura metteur en scène dont l'œuvre a été très peu diffusée en France et qui a pour titre de noblesse son travail d'assistant chez Ozu et sa collaboration avec K.Shindo (" l'ile", " onibaba") suscite l'envie de découvrir son premier titre en couleurs.
Avant toute chose on relèvera le titre sous lequel il est exploité en France qui rend beaucoup moins compte de sa thématique que la traduction de son titre original " Ca dépend de Kawa" ( Kawa étant le nom de l'héroïne).
Le scénario repose sur une thématique largement traitée chez Ozu, la jeune femme qui veut rester dans la sphère familiale alors quelle est poussée par un parent à se marier.
Le caractère dramatique du scénario ( il n'atteint toutefois pas le côté tragique de l'univers de Naruse), la jeune femme tombe amoureuse d'un homme marié plus âgé, marié à une épouse gravement malade, qui lui cache son union.
Malgré son bon accueil critique, ce titre n'est pas au niveau des opus d'Ozu, ni de Naruse réalisé pendant cette période, même s'il n'est pas dénué de qualités.
Son point fort est sans aucun doute son actrice principale Fujiko Yamamoto ( " fleurs d'équinoxe " Ozu et surtout souvent dirigée par T.Kinugasa " la porte de l'enfer" grand prix cannes 1954) qui porte " rivière de nuit" de bout en bout.
Pour ma part, il me semble que la faiblesse du titre résulte de la scène d'explications finale entre les deux amants ou la jeune héroïne expose ses arguments et motive son choix.
Pas suffisamment travaillée ( beaucoup trop courte, les dialogues auraient mérité un soin plus attentif compte tenu de l'importance de l'enjeu et surtout la référence au titre original)
L' éclairage inattendu, presque brutal sur un élément clef de la personnalité de la jeune femme manque ( selon moi) de savoir faire. La scène qu'il ne fallait pas rater est un peu décevante (à mes yeux).
Le contraste est d'autant plus dommageable que plusieurs scènes finalement pas très utiles dans la narration traînent parfois un peu trop en longueur,
Mais malgré ces réserves, " ça dépend de Kawa " vaut largement le coup d'oeil et suscite l'envie de connaître d'autres titres de ce cinéaste actif pendant l'âge d'or du septième art japonais.
On notera la présence de Ken Uehara qui tient le rôle masculin principal ( vu dans " les soeurs munakata " (Ozu) récemment réédité en salle et surtout dans plusieurs titres majeurs de Mikio Naruse ou il tient un rôle important)