Le film a obtenu, de façon méritée, (images en 3D, hyperréalistes pour certaines, dont le grain de peau des humains) de nombreux prix concernant les effets visuels (au festival international du film de Shanghai, au festival télé de Sichuan, au festival du film international chinois du Canada) : il donne une vision originale, féérique des abysses (même si les personnages ne sont pas toujours sous l’eau !), liquide et visqueuse, très colorée (beaucoup de rouge et de bleu), tourbillonnante voire surréaliste et psychédélique, se rapprochant, par l’ambiance de non-sens et animalière (
les cuisiniers du Restaurant des Abysses sont des morses, les serveurs des loutres de mer et les clients, des silures
) des « Aventures d’Alice au pays des merveilles » (1865) de Lewis Caroll (1832-1898). On y retrouve aussi des points communs scénaristiques avec deux films d’animation du Japonais Hayao Miyazaki, « Le voyage de Chihiro » (2001), par son côté voyage initiatique et « Le garçon et le héron » (2023), par l’existence d’une belle-mère privilégiée par le père au détriment de l’enfant de la 1ère femme. Malheureusement, la profusion des images apporte de la confusion à l’histoire (
signification de l’être poculus, noir, poilu et chevelu, aux multiples yeux ? Du fantôme rouge ? Du cuisinier Nan He, aux faux airs du Joker, personnage de Detective Comics et ennemi de Batman, avec son immense bouche, ornée d’incisives). Les dernières images (le film dure 1h52, avec une baisse de rythme au bout de 50 mn) semblent nous expliquer la dépression de l’héroïne Shenxiu, 10 ans, triste et pleurnicharde, à la suite du départ de sa mère et du remariage de son père, son séjour au fond de l’océan constituant, a posteriori, ses images mentales hallucinatoires et oniriques alors qu’elle est hospitalisée…