Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
traversay1
3 638 abonnés
4 875 critiques
Suivre son activité
3,5
Publiée le 21 juillet 2024
Lointain est le temps où Zhang Yimou enchantait avec ses premières réalisations, enchaînant Le sorgho rouge, Ju Dou et Épouses et concubines, entre autres. Si le cinéaste chinois est toujours aussi actif, plusieurs de ses films récents restant inédits, il n'a pas perdu la main, loin s'en faut, mais il est aussi rentré dans le rang des bons élèves, avec des accents nationalistes un peu embarrassants. Comme dans Full River Red, par exemple, énorme succès au Box Office, qui en appelle à une Chine unifiée, avec tous les sous-entendus hégémoniques actuels, qui paraissent évidents. A part cela, Full River Red est un divertissement haut de gamme, plus facile à suivre que certaines de ses dernières œuvres et qui réussit à conjuguer comédie débridée et action, avec un brio incontestable, au sein d'une intrigue historique qu'il sait rendre épique par sa mise en scène chatoyante et son esthétique affirmée. Le peu de décors n'est pas un frein au lyrisme et à l'emphase, bien au contraire, et l'on pense fatalement au théâtre de Shakespeare mais surtout à Kurosawa, l'un des maîtres de Zhang. Avec sa bande sonore qui use parfois de morceaux de rap chinois, incongrus, ses rebondissements multiples, sa cruauté sanglante et parfois sa tendresse pour la pureté de ses héros, Full River Red décrit une Chine du XIIe siècle pleine de bruit, de fureur, de trahisons et de crimes. On en oublierait facilement le message politique quand le spectacle est d'une telle intensité.
Au XIIème siècle, un meurtre a été commis à la Cour impériale. Une missive de la plus haute importance a été dérobée. L’enquête est confiée à un soldat sans grade qui comprend vite qu’il est le jouet de forces qui le dépassent.
"Full River Red" est devenu un phénomène de société en Chine où il a battu l’an passé tous les records du box office. Il est l’œuvre de Zhang Yimou qui, après avoir signé quelques uns des plus grands films du cinéma chinois ("Le Sorgho rouge", "Épouses et Concubines"…), est devenu le réalisateur officiel du régime communiste, qui lui a notamment confié la supervision de la cérémonie d’ouverture des J.O. à Pékin en 2008.
"Full River Red" n’est pourtant pas un film à grand spectacle à l’image de "La Grande Muraille", cette ode à peine déguisée au nationalisme chinois que Zhang Yimou avait réalisée à grands frais en 2016 avec Matt Damon en guest star hollywoodienne. On n’y trouve pas de batailles cyclopéennes ou de monstres venus d’une autre planète. Tout s’y passe à huis clos, en petit comité, dans les arrière-cours de la cité impériale.
L’intrigue de "Full River Red" est particulièrement complexe. Elle réserve son lot de surprises, pas toujours compréhensibles. Le scénario est constitué d’une succession métronomique de scènes qui mettent en présence les différents protagonistes selon des combinaisons variables : l’inspecteur interroge successivement le chef de la garde, les prostituées qui ont passé la nuit avec la victime, le directeur de cabinet du Grand Chancelier. Entre chacune de ses scènes, les protagonistes se déplacent à l’intérieur du palais au son d’une anachronique musique qui mélange des instruments traditionnels et une rythmique très contemporaine.
"Full River Red" s’étire sur près de trois heures dont on sort essoré, sans être tout à fait sûr d’avoir saisi tous les ressorts de l’intrigue mais soulagé d’avoir compris son titre. Il fait référence à un des poèmes les plus célèbres de l’histoire chinoise, attribué au général Yue Fei. Une sorte de Marseillaise avant l’heure qui a une résonance toute particulière : son évocation des « territoires perdus » renvoie à la reconquête de Taïwan.
Le succès de "Full River Red" interroge doublement. Il montre les limites du soft power chinois : ce film-là est trop loin de nos canons, trop long, trop alambiqué, pour séduire un public occidental. Plus tristement, il montre les limites de l’universalité du septième art : ce qui plaît en Chine ne plaît pas nécessairement ailleurs. Tous les spectateurs du monde ne se ressemblent pas et ne vibrent pas aux mêmes spectacles.
"Que ce soit pour proposer un divertissement épique comme Creation of the Gods I et le diptyque The Wandering Earth, une œuvre plus allégorique comme Only the river flows ou Le Royaume des Abysses un film d’animation aussi spectaculaire qu’émouvant, le cinéma chinois continue de s’exporter dans nos salles. Il n’est donc pas très courtois de décliner l’invitation d’un vétéran sur la scène locale et internationale. Zhang Yimou nous a habitué à des fresques lyriques, où les mots valent autant que les armes blanches qui virevoltent dans les wu xia pian. Ne dérogeant pas à la règle, Full River Red assemble les codes d’un film d’enquête, d’espionnage et un pamphlet sur le pouvoir de la corruption (et quasiment en temps réel) dans un huis clos plutôt alléchant sur le papier."
"À l’aube d’une rencontre au sommet, un avant-poste militaire connaît donc une crise sans précédents. Appréhender le ou les meurtriers devient une priorité pour le chancelier, dont la cruauté n’égale que son autorité. Un duo inattendu se forme alors pour explorer ce lieu régi par le principe de l’omerta, où le silence est de rigueur. Les secrets y sont tout aussi tranchants que les lames que l’on retourne contre leur propriétaire. La première partie du film joue alors sur la dualité entre Zhang Da, un soldat plutôt lucide sous la menace, et Sun Jun, un officier adroit avec ses armes mais un peu moins avec les mots, jusqu’à ce que l’on ne différencie plus lequel des deux est Laurel ou Hardy. Nous sommes plongés avec eux dans le dédale de décors connectés par de nombreux couloirs, que l’on emprunte avec le sentiment de se rapprocher un peu plus de la vérité. Yimou en profite pour y superposer des interludes musicaux où le compositeur Han Hong mêle des sonorités contemporaines (rap, électro, punk) avec des instruments traditionnels. Ce gimmick possède de quoi rythmer la chasse aux indices et autres interrogatoires un peu virulents, mais finit par épuiser à la longue, car tous les enjeux ne se valent évidemment pas."
"Sortie le jour du nouvel an chinois 2023 et sans avoir quitté la tête du box-office local dans l’année, Full River Red parvient toujours à honorer une respectable fresque sur la loyauté, dont on assume le devoir de mémoire jusqu’au bout du programme. Reste qu’il n’y a pas à bouder son plaisir dans ce huis clos récréatif, si l’on est prêt à y accorder 2h37 de son temps. À côté du piège à cinéphiles de M. Night Shyamalan, qui a essentiellement bâti son identité cinématographique sur des twists, Yimou compile les révélations dans un enchaînement indigeste dans sa dernière ligne droite. Mais quitte à choisir son camp, on navigue mieux dans le fleuve rouge, abreuvé du sang des martyrs, que dans une salle de concert où l’euphorie est de courte durée."
Retrouvez ma critique complète sur Le Mag du Ciné.
On sait ( du moins en ce qui me concerne) que la période la plus réussie de la filmographie de Zhang Yimou ( " le sorgho rouge" et surtout " vivre", " qu ji femme chinoise" récompensés à Cannes et à Venise) est depuis deux décennies passée du côté du cinéma à grand spectacle sans grand intérêt.
Ce n'est pas ce " full river red" (2023) qui me fera changer d'avis. Le mentor de Gong Li a vraiment vu son talent se diluer au cours du temps
On a affaire ici à un scénario qui situe l'action dans la chine du XII ème siècle, dans le palais d'un chancelier qui se maintient au pouvoir par la trahison et le crime. Des partisans de son plus fervent opposant cherchent à l'éliminer.
Rien d'original dans cet opus de Zhang Yimou qui de surcroît et malgré ses moyens, ne proposent que du clinquant insipide. Certes, il y a quelques scènes qui fonctionnent ici ou là, mais le résultat global frise avec la médiocrité.
Placé sous le règne de la manipulation et des chausses trappes ( le spectateur est lui aussi pris à contre pieds), le film séduira ( peut-être) un jeune public amateur exclusif de blockbusters.
Certains prétendent qu'on n' a pas besoin d'avoir quelque chose à dire pour faire du cinéma. ZY le démontre avec maestria dans ce " full river red" qui ne restera pas dans les mémoires ( du moins pas dans la mienne).
Que ce soit pour proposer un divertissement épique comme Creation of the Gods I et le diptyque The Wandering Earth, une œuvre plus allégorique comme Only the river flows ou Le Royaume des Abysses un film d’animation aussi spectaculaire qu’émouvant, le cinéma chinois continue de s’exporter dans nos salles. Il n’est donc pas très courtois de décliner l’invitation d’un vétéran sur la scène locale et internationale. Zhang Yimou nous a habitué à des fresques lyriques, où les mots valent autant que les armes blanches qui virevoltent dans les wu xia pian. Ne dérogeant pas à la règle, Full River Red assemble les codes d’un film d’enquête, d’espionnage et un pamphlet sur le pouvoir de la corruption (et quasiment en temps réel) dans un huis clos plutôt alléchant sur le papier.
Manque cruellement de finesse et le côté redondant des retournements de situation avec des aveux et des états d'âmes sortant de nul part commence à lasser dés la première heure. L'intrigue se perd dans des contortions de plus en plus exhubérantes et la déclamation finale à la gloire d'une chine guerrière achève de mettre mal à l'aise. On pense à Hong-Kong et au reste et on comprend la raison d'être de ce film manifestement taillé sur mesure pour le régime en place. Pas un grand film. Une production chinoise sans charme made in Pékin.