Limbo, réalisé par le hongkongais Soi Cheang, le filmi qui l'a mis sur le devant de la scène, tout du moins en France, avait une sacrée gueule d'atmosphère. Mad Fate aussi, mais d'une autre manière, puisqu'ici le noir et blanc n'est plus de mise, remplacé par des couleurs, souvent artificielles, qui lui donnent un vague air de giallo. Reste que le métrage, qui se déroule sous des cieux le plus souvent orageux, confirme le goût du cinéaste pour les climats poisseux et sordides, dans les bas-fonds de Hong Kong. L'intrigue se déploie avec des personnages dont la santé mentale pose question (euphémisme), alors que le film s'interroge sur le déterminisme qui semble guider leur destinée, sans espoir de rémission. Ce n'est évidemment pas d'une grande profondeur mais un prétexte à offrir des scènes choc et à livrer des rebondissements incessants, dans un ensemble qui fait la part belle à l'absurde et, parfois, mais pas assez souvent, à un humour délirant. Dans Mad Fate, les femmes ne sont malheureusement pas très présentes, sinon en tant que victimes, au même titre que les chats, d'ailleurs, pauvres b^tes. Exercice de style parfois complaisant dans la représentation de la violence, Mad Fate a pour lui son côté radical, son interprétation hallucinée et l'efficacité de sa mise en scène, un peu moins virtuose que celle de Limbo, cependant.