Imaginez : la rencontre d’un univers porno-chic, de Matrix, d’un jeu vidéo, de séquences à la Breillat, et, d’une dextérité filmique digne du Bertolucci de New Rose Hotel ! (...) Passons outre les fascinantes modalités artistiques de l’œuvre (jeu intense sur les lumières, les couleurs et les rythmes…) et concentrons-nous sur les ressorts philosophiques : la florissante entreprise ‘Genom Corporation’ s’est spécialisée dans l’offre d’orgasmes, clé pour maîtriser l’humanité, par le plaisir… Le système de la GC est basé sur la collecte de données concernant les préférences sexuelles des hommes et les caractéristiques de l’orgasme : avec ces données, sept grands types de prostituées-cyborg sont créées afin d’assurer le bonheur de tous ! Cette réflexion ouvre sur la sexualité à venir et l’importance du mythe prostitutionnel quant au secret de l’orgasme : maintenues par le système-proxénète qui les protègent, les Reiko-prostituées misent sur l’enregistrement, c’est-à-dire la mémoire de la jouissance. Nous reconnaissons là la notion lacanienne de plus-de-jouir : créé par introduction de l’image dans le raport sexuel, ce rien créateur soutient de nouvelles images, l’ob-jet a causant de nouveaux désirs et le phallus aidant à de nouvelles jouissances… Voilà pourquoi le système Genom fonctionne si bien : parce qu’il est basé sur la puissance du fantasme, et non la puissance sexuelle. C’est par l’image que l’orgasme est possible et c’est par l’image qu’il se renouvelle. Mais le système ne peut être parfait : le virus ‘Tokyo Rose’ s’y attaque facilement, certains hommes y sont insensibles, et pire, les prostituées-cyborg aspirent à changer de vie ! En effet, par diverses phases identificatoires, elles parviennent à remettre en question toute logique systémique de la sexuation, rendant à l’arbitraire sa part de fantaisie : liberté sexuelle et prostitution davantage mythique que cyborgétique.