Avec son approche visuelle proche de celle du récent ‘Mars express’ (avec une touche de réalisme supplémentaire grâce à l’utilisation de la rotoscopie, pas toujours totalement maîtrisée d’ailleurs), ‘Sky dome 2123’ s’inscrit dans la science fiction introspective de Tarkovski ou Mamoru Oshii : dans une Budapest protégée par un dôme et plantée au milieu d’un monde ravagé, les humains sont euthanasiés à l’âge de cinquante ans afin d’être “végétalisés” pour maintenir un écosystème et un approvisionnement en ressources fonctionnels sous le dôme. Lorsque Nora demande sa végétalisation avec dix huit ans d’avance faute de pouvoir surmonter sa dépression, son mari Stefan décide de tenter l’impossible pour la garder en vie. Malgré son titre, l’essentiel de l’action ne se déroulera pas dans cette métropole sous cloche mais dans le monde extérieur, à la recherche d’un mystérieux scientifique capable d’inverser le processus de végétalisation. A l’image des réalisations les plus célèbres des cinéastes-auteurs cités plus haut, ‘Sky dome 2123’ ne sera pas forcément très généreux en rebondissements, ni très disert en explications, et il déstabilisera sans le moindre doute ceux qui estiment que tout est ‘quête du héros’ et doit aboutir à une solution concrète Une production américaine aurait vu ses héros se démener, trouver une solution, concilier leurs aspirations personnelles et le sauvetage de l’humanité…ou échouer en essayant. Plutôt que de foncer et de se battre, alors même que le temps est compté à la jeune femme, le couple s’adonne à des occupations sans la moindre finalité objective (par exemple, ils rangent méticuleusement une maison abandonnée dans une ville où ils font halte pour la nuit) comme s’ils sentaient confusément l’inanité de vouloir préserver un système où l’homme est devenu une ressource recyclable comme une autre, comme s’il était plus important de “vivre” une dernière fois. Si vous voulez un scénario où les difficultés sont résolues, passez votre chemin. Si vous êtes plutôt en recherche de science-fiction réflexive et contemplative, donnant à voir quelques paysages et réalités implicites très évocatrices, alors vous découvrirez en ‘Sky dome 2123’ une sensibilité, toute de spleen et de résignation, que vous n’aurez pas souvent expérimentée dans un film d’animation. En ce qui me concerne, même si je ne suis pas obsédé par la première possibilité, peut-être ‘Sky dome 123’ penchait-il de façon un peu trop déséquilibrée en direction de la seconde.