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    L'Esprit de la ruche
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    44 critiques spectateurs

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    guifed
    guifed

    64 abonnés 286 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 12 octobre 2023
    Comme pour Fermer les yeux, ce film de Victor Erice prend son temps. On ne voit toujours pas où le réalisateur veut en venir au bout de 40 minutes de film, ce que je trouve un peu long. Par contre, une fois qu'on comprend, le film prend une autre dimension.


    Dans l'Esprit de la ruche, Victor Erice évoque ce moment particulier et décisif de l'enfance où on se confronte à la perspective de la mort. Et là où il frappe le plus fort, c'est qu'il n'élude pas les aspects les plus complexes : l'attirance que l'on peut avoir pour la mort (la scène de la gamine qui reste sur les rails du train jusqu'à ce que sa soeur hurle son nom), pour la souffrance des autres (quand l'une des fillettes tente d'étouffer son chat puis se badigeonne les lèvres de sang, avant de jouer un horrible et mortifère canular à sa soeur) ou pour les milles formes cauchemardesques de l'obscurité et de l'inconnu. Ainsi Ana va-t-elle retourner plusieurs fois dans cette petite maison abandonnée au milieu d'un champs, comme piquée par l'ivresse du danger et de l'imagination. Jusqu'au jour où elle rencontrera un véritable Frankenstein, un déserteur, lointain et inconscient écho de la guerre qui fait rage dans un autre monde. Quelle merveilleuse manière d'évoquer l'irruption de la guerre et de son horreur dans le quotidien des enfants. Ou quand la brutalité de la réalité dépasse de très loin l'horreur des rêveries enfantines.


    Comme dans Fermer les yeux, la clé de la mise en scène se situe en partie dans les œuvres artistiques filmées, qu'il s'agisse du film projeté au début - qui suscite en premier les questionnements des enfants - ou, plus discrètement, de ces immenses tableaux représentant des religieux tourmentés par leur pensée - comme le sont les enfants - ; une tourmente symbolisée par la tête de mort à leurs pieds. C'était aussi un film et une sculpture dans Fermer les yeux, où l'on parlait d'un autre choc existentiel et d'un autre âge de la vie. Moins aride, l'Esprit de la ruche s'avère être un fabuleux film sur l'enfance, la foi, les croyances et le fourmillement de la vie en général, comme le suggère la métaphore de la ruche et des abeilles tout au long de l'oeuvre. Dommage qu'il soit si difficile d'accès dans son premier tiers.
    Peter Franckson
    Peter Franckson

    52 abonnés 1 153 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 6 avril 2024
    Le film a obtenu la coquille d’Or au festival de Saint-Sébastien en 1973. Récompense probablement politique, les beaux esprits y voyant une métaphore du franquisme, à travers une famille, Fernando, père apiculteur, Teresa, mère écrivant à un amant, 2 enfants, Ana et Isabel, et qui prennent leur petit-déjeuner sans parler, puisque le film se déroule en 1940, en Castille-et-León, à Hoyuelos, au nord-est de Ségovie, quelques mois après la fin de la guerre civile (1936-1939). Il est pourtant loin d’être un brûlot anti-Franco, même s’il fallait affronter la censure officielle. Victor Erice semble avoir voulu montrer l’état d’esprit et l’imagination d’Ana, 6 ans [Ana TORRENT, 7 ans et que l’on retrouvera dans un rôle proche, avec ses grands yeux de hibou, dans « Cría cuervos » (1976) de Carlos Saura (1932-2023)] à la suite de la projection par un cinéma ambulant (1 peseta la place pour les enfants) de « Frankenstein » (1931) de James Whale (1889-1957) et dont la scène où le monstre est responsable de la mort par noyade d’une fillette, l’a particulièrement impressionnée. Outre que le film bénéficie d’une photographie de téléfilm (certes cela se déroule en hiver et le chef opérateur, Luis CADRADO, 39 ans, était en train de perdre la vue), il s’en suit une succession de scènes sans intérêt ( spoiler: glose du père sur les champignons vénéneux, métaphore des Républicains (?), mère circulant à vélo, simulation d’une chute mortelle par Isabel, enfant perverse qui tente d’étrangler le chat noir de la maison
    ), ennuyeuses voire grotesques ( spoiler: l’apparition de la créature de Frankenstein lorsqu’Ana s’est enfuie et se trouve au bord de l’eau la nuit
    ). La lenteur ( spoiler: concernant le chemin des 2 fillettes pour aller à l’école, avec exploration d’une bergerie abandonnée et d’un puits, passage du train à vapeur, etc.
    ) et l’absence de trame narrative solide, en font une caricature de film d’art et d’essai. Sans oublier le titre qui ferait référence à la société espagnole sous Franco, cloisonnée comme les alvéoles d’une ruche. Quelle lourdeur !
    stans007
    stans007

    23 abonnés 1 313 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 20 juillet 2023
    C’est sans doute la censure franquiste qui, dans son intransigeance, a poussé les réalisateurs espagnols des années 70 à une telle créativité, teintée d’ésotérisme : puisqu’on ne peut pas dire les choses, on invite le spectateur à les imaginer. Et ça donne ce film créatif, original, et pudique décrivant, dans un monde d’adultes qui ne vit pas – et ça n’est pas un hasard - les tourments d’une petite fille impressionnée par la vision du film Frankenstein. Les petites actrices sont absolument craquantes, avec une mention particulière pour Ana Torrent qui fera carrière.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 21 février 2008
    1940 ; Franco mettait fin à la guerre civile espagnole un an auparavant et installe désormais les prémices d’une dictature étalée sur plus de 30 longues années ; Victor Erice naît le 30 juin. L’Esprit de la ruche est à la fois construit sur un contexte historique et social qui n’est, à aucun moment, explicitement mentionné et le contexte personnel de l’auteur. Ceci n’est pas anodin. Deux sœurs assistent à la projection de Frankenstein (James Whale, 1931) qui les envoûte littéralement. Le cinéma exerce sa magie sur Ana (magnifique Ana Torrent dans son tout premier rôle), qui assiste pour la première fois à une projection cinématographique. Tout le film joue donc sur une articulation des rapports entre les enfants et le cinéma, entre les enfants et l’imaginaire, créé ici par le cinéma. Le générique de début, uniquement composé de dessins et se clôturant par un « Il était une fois» préfigure cet imaginaire enfantin. Au cinéma «tout est pour de faux», personne ne meurt vraiment ; la créature du docteur Frankenstein est un Esprit, qui parfois se déguise afin d’apparaître à la réalité. Ana cherche, veut le rencontrer, il est sa quête. Elle parcourt dès lors cet univers fantastique, chimérique construit sur des jeux d’enfants flirtant avec la mort, telle cette scène magnifique du feu au dessus duquel sautent plusieurs jeunes filles. Ana fixe du regard son reflet dans une mare, l’image de son visage se métamorphose, devient celui de l’Esprit. Elle était habitée par celui-ci et il se matérialise, se cristallise. Ana est maintenant la petite fille du film Frankenstein, elle s’est projetée dans le cinéma, dans l’imaginaire cinématographique. Erice nous offre un conte qui trouve tout son sens dans la scène finale avec l’ouverture de cette fenêtre aux carreaux alvéolés, ouverture de la ruche libérant ainsi l’Esprit ; il ne l’habite plus, ne la hante plus. Ana convoque celui qui est devenu son ami (imaginaire), l’Esprit de la ruche.
    QuelquesFilms.fr
    QuelquesFilms.fr

    268 abonnés 1 639 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 11 septembre 2013
    Un film mystérieux, voire déroutant. Une évocation quotidienne et poétique, comme un temps suspendu, entre les souvenirs de la guerre civile, le présent de la Seconde Guerre mondiale et les débuts du franquisme. La réalité, avec ses tristesses, ses frustrations, ses cruautés, se teinte peu à peu d'onirisme, sous le regard de la petite fille. D'où l'impression d'une ballade étrange, à la fois berçante, inquiétante et mélancolique. Le fantastique y est léger, hanté par la mort et la figure du monstre. La beauté esthétique (cadrages très graphiques, contrastes de lumières entre les intérieurs jaunes et chauds, et les extérieurs blancs et froids), la lenteur du rythme, l'intensité du jeu d'Ana Torrent (que l'on retrouvera deux ans plus tard dans Cría Cuervos...), tout cela exerce un certain charme. Quant au sens du film, il est à l'image du titre, un peu hermétique, ouvert à de multiples interprétations (sur la famille, la société, le pays...).
    Concha de oro au festival de San Sebastián 1973.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 25 septembre 2011
    Une merveille à tous les niveaux, l'histoire, les actrices, Ana Torrent incroyable, la lumière, bref tout...
    syd_black
    syd_black

    19 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 16 mars 2013
    Un film à replacer dans son contexte historique si on veut essayer d'en comprendre les subtilités. On est toutefois happé par l'atmosphère à la fois oppressante et onirique qui nous laisse les yeux aussi grands ouverts que la petite Ana.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 3 mars 2008
    Etrange atmosphère dans "l'Esprit de la Ruche": dans un village perdu de Castille dans les années 1940, une petite fille, après avoir vu "Frankenstein" au cinéma, va s'inventer sa propre réalité. L'histoire, un peu lente (en particulier les interrogations existentielles des adultes), est touchante, la délicate frontière entre imaginaire et réalité chez l'enfant est brillamment et finement restituée. Le film suggère également, sur fond de musique de contines, qu'innocence et cruauté chez l'enfant coéxistent. C'est un bel hommage aux rêves des enfants, à leurs illusions et désillusions, et au cinéma (les yeux remplis d'émotions des villageois spectateurs).
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 9 février 2008
    C'est un magnifique film sur la mémoire d'une guerre ignoble (peut-il en être autrement?). Doit-on oublier? Doit-on se taire? Doit-on en parler? La guerre civile espagnole est devenue un tabou. Le personnage de cette petite fille exprime cette frustration nationale qui peine à vivre dans un pays devenu la proie d'un dictateur fou imposant son ordre de vie et son ordre de mort.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 2 mars 2008
    L’esprit de la ruche est un film atypique. C’est une très jolie allégorie sur la frontière entre le réel et la fiction à travers les yeux d’une enfant de 7 ans, Ana, qui découvre, certainement pour la première fois, le cinéma. Manipulée par une sœur cruelle comme peuvent l’être les enfants, la petite Ana va se laisser aller à son imaginaire, aidée par des hasards eux bien réels de la vie, imaginaire qui la coupera dangereusement de sa famille. Ce conte poétique et existentialiste se déroule dans un petit village d’Espagne asséchée par la guerre. La réalisation est à la fois légère et mystérieuse, la musique envoutante. Bref, un moment rare de cinéma qui ne manquera pas de rappeler à certains l’univers de « Cria Cuervos ».
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 15 février 2008
    Ce film est à mon sens exeptionnel. J'attens impatiemment la séance de demain pour pouvoir y retourner une troisième fois. Les tableaux qui nous y sont donnés sont tout simplement grandioses, et nous permettent de pénétrer dans le monde de l'enfance et de ses imaginations, mais aussi dans les souvenirs d'une époque révolue et regrettée (grande maison vide, les champs, le père qui va guider ses filles au milieu des champignons).

    Ana est la seule et unique nécessité pour la réussite du film, et elle permet de le rendre très grand.
    miketbrijou
    miketbrijou

    1 abonné 13 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 12 mars 2020
    Un film de 1973, des images magnifiques, une ambiance singulière, esthétique, pour accompagner deux gamines dans un univers éthéré situé entre la guerre civile espagnole et la seconde guerre mondiale... un rythme très lent, très lent. Le monde de l'enfance, à part.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 18 février 2008
    c'est un des plus beaux films sur l'imaginarie enfantine. un film doux, mais qui peut deboucher sur quelques cauchemars; interpretation lunaire d'ana torrent, la petite fille qu'on retrouvera dans "cria cuervos"
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 8 mai 2008
    Il y a des ruches et il y a de l'esprit dans ce film. C'est vrai que les grands yeux d'Ana donnent déjà un bon atout, mais le reste est aussi bien. La scène où les petites regardent passer le train est géniale. Les vues sur la plaine castillane sont très soignées. Le père est émouvant, avec ses abeilles et ses cueillettes aux champignons. Le sourire d'Ana au soldat dans la bergerie est retournant. Quand on voit la maison et ses alvéoles aux fenêtres, on comprend que les filles n'ait pas peur de Frankenstein. Les quelques longueurs sont sauvées par les petites musiques, aussi bien choisies que les comédiens.
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