Le film a obtenu la coquille d’Or au festival de Saint-Sébastien en 1973. Récompense probablement politique, les beaux esprits y voyant une métaphore du franquisme, à travers une famille, Fernando, père apiculteur, Teresa, mère écrivant à un amant, 2 enfants, Ana et Isabel, et qui prennent leur petit-déjeuner sans parler, puisque le film se déroule en 1940, en Castille-et-León, à Hoyuelos, au nord-est de Ségovie, quelques mois après la fin de la guerre civile (1936-1939). Il est pourtant loin d’être un brûlot anti-Franco, même s’il fallait affronter la censure officielle. Victor Erice semble avoir voulu montrer l’état d’esprit et l’imagination d’Ana, 6 ans [Ana TORRENT, 7 ans et que l’on retrouvera dans un rôle proche, avec ses grands yeux de hibou, dans « Cría cuervos » (1976) de Carlos Saura (1932-2023)] à la suite de la projection par un cinéma ambulant (1 peseta la place pour les enfants) de « Frankenstein » (1931) de James Whale (1889-1957) et dont la scène où le monstre est responsable de la mort par noyade d’une fillette, l’a particulièrement impressionnée. Outre que le film bénéficie d’une photographie de téléfilm (certes cela se déroule en hiver et le chef opérateur, Luis CADRADO, 39 ans, était en train de perdre la vue), il s’en suit une succession de scènes sans intérêt (
glose du père sur les champignons vénéneux, métaphore des Républicains (?), mère circulant à vélo, simulation d’une chute mortelle par Isabel, enfant perverse qui tente d’étrangler le chat noir de la maison
), ennuyeuses voire grotesques (
l’apparition de la créature de Frankenstein lorsqu’Ana s’est enfuie et se trouve au bord de l’eau la nuit
). La lenteur (
concernant le chemin des 2 fillettes pour aller à l’école, avec exploration d’une bergerie abandonnée et d’un puits, passage du train à vapeur, etc.
) et l’absence de trame narrative solide, en font une caricature de film d’art et d’essai. Sans oublier le titre qui ferait référence à la société espagnole sous Franco, cloisonnée comme les alvéoles d’une ruche. Quelle lourdeur !