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Fêtons le cinéma
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4,0
Publiée le 30 mai 2024
Brillamment mis en scène, en ce que la caméra portée et les mouvements effectués miment le flottement de ce vent fantomatique porteur de spectres et d’histoires anciennes, The Wind se plaît à radicaliser son propos à mesure que la romancière américaine Sian Anderson s’installe dans la maison, prend possession des lieux autant que les lieux prennent possession de son esprit et de son corps. L’ouverture idyllique, où deux amants enlacés assistent depuis la baie vitrée automatiquement dégagée de ses rideaux au vol d’un zeppelin, laisse place à un huis clos paranoïaque : le tendre époux a cédé sa place à l’homme à tout faire inquiétant, le luxe de Los Angeles a disparu au profit de l’île grecque de Monemvasia, au nom significatif puisqu’il désigne une « entrée unique », comprenons un aller sans retour. Nico Mastorakis aime l’antithèse et brouille volontairement les repères temporels en installant son slasher dans une nuit perpétuelle : le spectateur, comme Sian, est désorienté et souffre des attaques répétées à l’identique d’un bourreau a priori immortel et omniprésent, incapable de savoir si ce qu’il voit résulte de l’imagination de l’autrice ou s’il s’agit de la réalité. La partition musicale de Stanley Myers et de Hans Zimmer associe avec virtuosité les sonorités grecques traditionnelles et l’électronique tonitruant, soufflant une atmosphère anxiogène. Une œuvre à la radicalité et à l’audace folles, que signe un cinéaste hélas méconnu en France.