Ce film est un chef d'oeuvre... d'humour involontaire. Pesant, pompeux, totalement daté, j'ai bien ri en le voyant.
Résumé : un étranger christique met son hum hum prolétarien dans le tuuuuut d'une bourgeoise dominée, le pouet pouet de son mari patron bourgeois hétérocrate et apprend la lutte des classes au pieu avec les enfants dudit couple.
Pour les amateurs de nanards prétentieux : un régal, un plaisir de fin gourmet !
Presque 45 ans après, viens de revoir "Théorème" et suis retombé sous son emprise. Tout est parfait : lumière, plans, pas de dialogues mais de courts monologues, la caméra ne s'attarde pas, ce qui donne à chaque scène cette impression de coup de poing. La beauté d'un film à l'état pur qui se suffit à elle-même laissant à chacun le soin et le besoin d'intérioriser ses propres fantasmes, ses manques et le peu que la vie peut apprendre. Le regard de Pasolini sur la société italienne ne peut, aujourd'hui, que nous accabler, nous qui sommes encore là et devons supporter ce qu'il dénonçait déjà : l'absurdité et le vide de plus en plus contraignant, provoqués par un ultralibéralisme à l'échelle mondiale, mis en place et accepté de gré ou de force.
Wow... Je ne m'attendais pas à un film aussi expérimental. Théorème est un film bien trop mystérieux pour être totalement réussi à mes yeux. Un type, séduit tous les membres d'une famille bourgeoise avant de partir. Qui est-il, d'ou vient-il, depuis quand est-il là ? On ne sait pas. La première partie donne la désagréable impression d'avoir manqué lé début du film. Puis le type s'en va (pourquoi ?). Et là ça devient vraiment n'importe quoi. Les différents personnages régissent de manière incohérente et disproportionné. L'une se met à bouffer des orties et à planer dans les airs, pendant qu'un autre se déshabille dans une gare avec d'aller brailler à poil dans le désert ! La bizarrerie ne me dérange pas dans un film, quand elle est justifié. Si Pasolini a voulu faire passer un quelconque message, alors c'est raté. Si il a voulu choquer le bourgeois en filmant des braguettes en gros plan, alors c'est dépassé. Je suis peut etre trop terre à terre (ou trop con), mais difficile d'aimer un film que l'on a pas compris.
Chef-d'oeuvre de Pasolini, "Théorème" est une brillante critique de la bourgeoisie italienne des années 60. Un film engagé avec une approche politique subtile. Une oeuvre à la fois belle, malsaine et dérangeante. La mise en scène est géniale, Terence Stamp aussi.
Ce film peut être regardé comme une protestation contre la belle image (photographie délavée, refus de la composition picturale) sous son apparente négligence (cadrages, liens...). "Théorème" de Pasolini, (1968) cache pourtant une structure de fer, rigoureuse et, finalement, « surcadrée ». Une boucle autour d'une famille bouleversée par la venu d'un homme magnétique qui change tout. Silvana Mangano est sublime !
Considéré à l'époque de sa sortie comme un chef d'œuvre par les Cahiers du cinéma, le film fit scandale, mais ce n'est pas parce que ça fait scandale que c'est bien ! Dieu (Terence Stamp) est un jeune éphèbe à la braguette saillante, qui transfigure chacun des membres d'une famille bourgeoise avec qui il couche successivement : la mère se suicide après avoir enfin connu le plaisir, le fils se lance dans la peinture gestuelle, la fille je ne sais plus, le père donne son usine à ses ouvriers et s'en va nu dans le désert, et la vieille servante devient une sainte, mâche de l'herbe et lévite au-dessus de sa maison. Les images sont belles, le reste est incohérent.
Il faut regarder Théorème ne serait-ce que pour Silvana Mangano et Terence Stamp. Les films de Pasolini sont en général des films que je revois, parce qu'ils sont riches de sens et beaux. Théorème ne fait pas exception à la règle. C'est tout à fait amusant de voir que, un an plus tard, le garçon qui accompagnait Œdipe aveugle dans le monde moderne, Angel(in)o, se retrouve dans Théorème. Si je n'adhère pas tout à fait aux nombreuses paraboles chrétiennes, même si elles sont subverties, faute est de reconnaître que le film de Pasolini est un théorème réussi, jusque dans son absurdité formelle. Pasolini lie remarquablement bien la révélation, puis la désintégration et enfin le désœuvrement. Ce faisant, au-delà de la critique de la bourgeoisie, il met en avant la toute puissance de la Beauté, reléguant d'ailleurs par moment la pensée platonicienne aux oubliettes. C'est sûrement pour cela que j'ai une nette préférence pour la grandiose première partie, se clôturant par les paroles de chaque membre de la famille à l'homme qui ne porte pas de nom : cette fin sur la parole inefficace ouvre Théorème à une toute puissance poétique. La deuxième partie, bien que nécessaire, est plus faible à mon sens.
Attention, spoilers. Théorème est un film passionnant à analyser sur ce qu'il montre et sur ce qu'il dit. La lecture est multiple, comme toujours chez Pasolini. On y retrouve sa verve communiste lorsqu'il introduit cette beauté grecque en plein coeur d'une famille bourgeoise, qui se veut traditionaliste mais qui n'est jamais montré comme une réelle unité mais au contraire éclatée complètement - la preuve, ils ne sont jamais quasiment ensemble dans le même plan. Comme on pouvait s'en douter chez Pasolini, cet obscur objet du désir vient semer le trouble dans cette famille bourgeoise dont la couche de maquillage (!) tombe assez rapidement. L'illusion ne fait plus. Il y a également une réflexion religieuse, pour ne pas dire métaphysique dans Théorème. La beauté grecque est presque un être surnaturel dont Pasolini ne fait qu'amplifier le mysticisme en jouant sur ses cadrages et surtout par son éclairage lui donnant un rayonnement tout particulier. Les personnages - tout comme les spectateurs - sont fascinés par le protagoniste du jeune homme. Chacune de ses histoires - car le film est construit de la sorte, encore une fois la famille n'apparait vraiment pas comme unie mais comme une composition de membres complètement disparate, juste rattachée à une entité - décrit donc cette rencontre mystique et sexuelle du bourgeois avec le jeune homme. C'est par moment intéressant, par moment moins. Mais le vrai problème vient d'ailleurs. Il y a chez Pasolini une sursignification désagréable, tout est dit, redit, souligné, resouligné à tel point que le film en devient saturé. Pour le dire plus simplement, on assiste davantage à la thèse d'un cinéaste qu'à un véritable film. En y réfléchissant un peu plus, j'aurais préféré voir Bunuel -dont le sujet l'aurait certainement intéressé, bourgeoisie, religion, sexe, autant dire que ça reste dans ses thématiques- derrière la caméra. Une affaire de goût me direz-vous.
Cette oeuvre-clé pour bien comprendre la carrière et les obsessions de Pier Paolo Pasolini laisse une impression mi-figue mi-raisin,tout en étant d'une puissance spirituelle rarissime.C'est en fait en y repensant que l'on se rend compte du caractère scandaleux et multiple de "Théorème"(1968).Au visionnage,le film apparaît trop calme et pesant pour être captivant,et surtout semble n'être que le prolongement du néo-réalisme italien,qui existait depuis déjà 20 ans.Pasolini explose en règle la bourgeoisie de son pays des années 60.Il exècre tant le conformisme,l'hypocrisie sociale,la sécheresse émotionnelle et le désoeuvrement qui n'appartient qu'aux nantis;qu'il leur fait perdre la tête les uns après les autres.Le départ d'un étranger,présenté comme une figure christique(beau comme un dieu,muet comme une carpe,à l'aise avec sa nudité)met tous les membres d'une famille bourgeoise face à leurs contradictions.Ainsi,le père donne son usine à ses ouvriers et se promène nu de la gare au désert.La mère se prostitue sans se cacher.La fille tombe en léthargie.Le fils souille des peintures ratées.Et la servante se retire dans l'ascétisme d'une ferme.Pasolini intellectualise bien trop son propos,mais échappe à la pose auteuriste,grâce à la musique enveloppante d'un Ennio Morricone inspiré.
La mise en route est longue, le problème est qu'elle ne se termine jamais. Il y a sans doute la volonté de peindre le "Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé", mais au vu des techniques employées, c'est surtout la salle qui risque d'être dépeuplée. On est au départ dans une histoire assez banale avec, comme souvent chez Pasolini, des personnages assez dérangeants et à peine caricaturaux. La seconde partie est une vraie farce, puisqu'on a une succession de parcours sans réelle cohérence. Ajoutons que la musique, sans doute le meilleur élément du film, est beaucoup trop forte pour être appréciée, surtout étant donné le faible nombre de dialogues. Enfin, le film a le mérite de rappeler au spectateur qu'on est bien chez Pasolini qui recycle ses décors à tout va. La fin surtout, copie d'Oedipe Roi, est très amusante après de longues minutes passées devant l'écran. Ainsi, censé illustrer "Et le verbe s'est fait chair", le film donne surtout l'impression que la place s'est faite chère.
Si les dialogues philosophico-sociaux sont plutôt lourds, bien qu'ils ajoutent une certaine profondeur à cet univers christique, la poésie du montage agissant par répétitions et métaphores et le cadrage très atypique servent d'autant plus, à mon sens, la réflexion du spectateur. Un film d'une rare capacité hypnotique.
Théorème est un film angoissant et hypnotique grâce à sa mise en scène pleine de symboles chrétiens frôlant parfois le surréalisme mais le traitement fait de cette rencontre entre cette famille bourgeoise milanaise et cet étrange charmeur mystique aux yeux bleus n’est pas filmé de façon aussi subversive qu’elle aurait pu l’être. Pasolini sacrifie totalement le propos social que promettent les premières minutes et même, progressivement, sa narration cohérente pour se consacrer uniquement à une œuvre purement basée sur sa plastique digne d’une fresque biblique et sur une soi-disant réflexion métaphysique sans intèret (Connaitre la couleur des yeux de Dieu et les effets qu'ils auraient sur les pulsions sexuelles ne changeront votre regard sur le monde!). Un beau film sur la forme mais mais qui s'avère finalement vide de sens.