De la folie de notre époque
Valois du Scénario à Angoulême, la comédie de Laetitia Dosch se révèle totalement atypique. A la fois foutraque, déjantée, absurdes et émouvantes, ces 85 minutes surprennent et savent poser des questions. Avril, avocate abonnée aux causes perdues, s’est fait une promesse : sa prochaine affaire, elle la gagne ! Mais lorsque Dariuch, client aussi désespéré que sa cause, lui demande de défendre son fidèle compagnon Cosmos, les convictions d’Avril reprennent le dessus. Commence alors un procès aussi inattendu qu’agité : le procès du chien. J’éviterai les commentaires du style, « un film au poil », « une comédie qui ne manque pas de mordant », ou encore, « une histoire qui a du chien »… Non ! Car cette comédie dramatique vaut beaucoup mieux que cela.
Laetitia Dosch s'est souvent intéressée aux espèces non humaines. Dans son spectacle Hate (2020), elle a partagé la scène avec le cheval Corazón, et dans son émission Radio Arbres (2021), elle a imaginé une libre-antenne pour végétaux : Je suis très préoccupée par la crise écologique, et je cherche le rôle que peut jouer la culture face à ça. Pour moi, cette crise vient d’une ignorance, d’une insensibilité vis-à-vis des autres espèces de notre écosystème. Son 1er film questionne le spectateur sur pas mal d’idées reçues. Elle porte une attention évidente pour les gens qui ne rentrent pas dans les clous. Dans son film, il y en a beaucoup. Dariuch, le maître de Cosmos malvoyant, un peu misfit. Il y a aussi le petit voisin punk, un enfant qui subit des violences, sans oublier le maître-chien comportementaliste. Ce film, c’est aussi la trajectoire d’une femme de 40 ans, prise entre deux époques, le vieux monde et #metoo, qui cherche sa voix... voix off, voix absente, voix grave, voix de crécelle… Voilà une comédie libre, dérangeante, qui parle de choses importantes et qui change de ton en permanence.
Laetitia Dosch est partout, à l’écriture, devant et derrière la caméra. Elle se taille la part du lion – ou de la lionne -, car elle ne quitte pas l’écran. Elle est très bien entourée par François Damiens, Jean-Pascal Zadi, Pierre Deladonchamps, Anne Dorval, Anabela Moreira, Matthieu Demy, le jeune Tom Fiszelson…et le chien Kody, une star à sa manière… La preuve, il a obtenu la très convoitée Palm Dog à Cannes, cette année. De la philosophie loufoque, film barré et touchant, une comédie sociale, canine et féministe.