Le PROCÈS DU CHIEN, réalisé par Laetitia Dosch
En allant voir Le Procès du chien, je m’attendais à un film agréable et léger, presque surréaliste. Ce film est bien plus que cela. Il plonge dans les entrailles de notre société, met en cause la maltraitance animale mais si l’animal est le sujet central, il est aussi la métaphore de tous les êtres opprimés, de tous ceux qui sont considérés comme des objets et sur lesquels on défoule sa colère. Un critique a trouvé hors sujet l’amitié d’Avril (l’avocate des causes perdues qui défend le chien menacé d’euthanasie) avec un petit voisin battu par son père. Nous sommes pourtant au cœur de la question posée par le film : pourquoi notre société ne protège-t-elle pas, ou mal, les êtres les plus faibles ? Pourquoi certains auraient-ils moins de droits que d’autres ? Les dialogues de Laetitia Dosch et d’Anne-Sophie Bailly, autrices du scénario, sont brillants, souvent très forts. Quand le petit garçon maltraité demande à son amie pourquoi elle aime les autres, elle répond : « Parce qu’ils sont différents de moi. Ils sont tous différents de moi puisque chaque être est unique. C’est cette différence qui m’enrichit » (je cite de mémoire et donc très approximativement). Mais en même temps, l’autre, en l’occurrence le chien, c’est moi, c’est nous. Le spécialiste du comportement animal (Jean-Pascal Zadi) interprète avec intelligence les actes du chien jusqu’au moment où il part dans un délire verbal sexuel qui n’est pas celui de Cosmos, le chien, mais le reflet de ses frustrations personnelles. Le propriétaire de Cosmos, Dariuch (Jean-François Damiens), tourne avec colère dans le bureau d’Avril, jappant comme un animal contrarié quand celle-ci refuse d’abord d’être l’avocate du chien. Avril elle-même frappe impulsivement un automobiliste menaçant, un peu comme Cosmos a mordu une femme parce qu’il se croyait agressé par elle. Pourtant, c’est bien à une comédie que nous avons à faire - plusieurs scènes sont très drôles – mais à une comédie douce-amère, jusqu’à la tristesse. Le traitement est original : Avril réalise un film dans lequel elle raconte son histoire et intervient par moments en narratrice, double mise en abyme puisque l’actrice est elle-même la réalisatrice du film. Appel à la tolérance, à l’acceptation de l’autre, au respect de la nature et de l’animal, à l’amour et à la compassion, ce film brasse tout cela avec un mélange d’humour et de sensibilité. Ce premier film de Laetitia Dosch est une belle réussite.