Avis sur Un meurtre pour rien

Réalisé par Fernando Ayala (1920/1997), un des réalisateurs argentins les plus célèbres de son époque, " un meurtre pour rien" ( los tallos amargos selon son titre original, autrement dit " les tiges amères" ou " les pousses amères") relève du film noir à caractère psychologique, voire psychanalytique.

Un journaliste déçu par la réalité de son métier, souhaite s'enrichir facilement. Il se laisse convaincre par un réfugié hongrois de monter une école de journalisme, afin de profiter du romantisme teinté d'ignorance que le grand public associe à cette profession.

Au plan formel, " los tallos amargos" n'a rien à envier aux grands polars hollywoodien du moment (1956). Noir et blanc et casting sublimes, intrigue psychologique qui n'est pas sans rappeler certains des opus de Bunuel réalisés pendant sa période mexicaine.

" Un meurtre pour rien" est finalement la description d'un cas de personnalité narcissique qui finit par verser dans la paranoïa.

Le personnage principal pense mériter mieux que son statut social qui n'est pourtant en rien dégradant. Dépensier, méfiant, moralement douteux sous ses airs policés, manipulateur, il projette sur son associé ses propres défauts, jusqu'à la tragédie.

Sa personnalité sans doute traumatisée par l'impact de la guerre ( c'est la seule explication qui sera suggérée au spectateur comme facteur explicatif, son père, y a sans doute perdu la vie), sa folie des grandeurs ( il réunit pourtant tout pour être heureux ) le conduira à sa perte.

La fin explique le titre original lorsque le personnage principal pense être sur le point d'être démasqué. Événement insupportable pour cette personnalité narcissique manipulatrice, tombée dans la psychopathie criminelle.