Quand le Comté nous est conté
Un 1er film pour la jeune Louise Courvoisier, déjà couronné deux fois à Angoulême, d’un prix de la Jeunesse à Cannes et du Prix Jean Vigo. Pas mal pour ces 90 minutes étonnantes de fraîcheur et de spontanéité. Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais la réalité le rattrape : il doit s’occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remporterait la médaille d’or du concours agricole et 30 000 euros. Ce petit miracle sent le naturel à plein nez : le jeu des acteurs non professionnels, les lumières, le sujet et même le Comté qui est au centre de cette histoire. Un film qui se déguste sans modération.
La véritable star du film, c’est bien le fromage emblématique du Jura. Il est au centre de toutes les attentions, de tous les gestes, de tous les conflits, des amours, des rêves et des déceptions. Mais, n’allez pas penser qu’il s’agit d’un documentaire sur la fabrication du Comté. Il s’agit d’un drame social et familial comme la fabrication du film. Louise Courvoisier a travaillé entourée des siens, sa mère et un de ses frères pour la musique, sa sœur aux décors, son autre frère comme chef constructeur. Pour l’équipe technique elle a choisi ses amis et amies de La CinéFabrique de Lyon – une école de cinéma pas comme les autres et dont on parle de plus en plus -. Elle montre son savoir faire, du plan séquence à la course de stock-car, des scènes intimes aux plans style documentaire, tout est maîtrisé, réussi et millimétré. Une vraie réussite qu’il ne faut pas rater à partir du 11 décembre dans les salles.
Tous les comédiens du film sont non-professionnels, dénichés grâce à des connaissances ou à un casting sauvage dans le Jura, dans les courses de motocross, les stock-cars ou les comices agricoles. Et ils cassent tous la baraque. Clément Faveau en tête qui ne quitte pas l’écran. La jeune Maïwène Barthelemy, - nommée aux César pour le meilleure espoir féminin -, Luna Garret, Mathis Bernard et les autres, tous plus vrais que nature. Chacun, depuis le tournage, est retourné à ses occupations du quotidien, Clément à son élevage de poulets, Maïwène à ses vaches, etc. Je vous l’ai dit, ce petit film magique ne sent pas seulement le bon fromage du Jura mais aussi la sincérité et la justesse de ton. A découvrir !