Avis sur Frère aîné, soeur cadette

"Frère aîné, sœur cadette" constitue une exception dans l’œuvre de Naruse, en cela qu'il intègre plusieurs scènes où la violence physique prend le pas sur les conflits.
De même, est donnée à voir la passion d’un humble ouvrier (superbe Masayuki Mori) pour sa sœur, qui n’a d’égale que la déception ressentie par ce frère aîné à la suite du retour dans son foyer de cette sœur touchée par la disgrâce. Lors d’une scène inoubliable où la famille est réunie à l’occasion d’une fête, le courroux de l’aîné se matérialise par des coups répétés à l’encontre de son infortunée sœur, créant un sommet dans la tension dramatique, aussi bien dans le film présent que dans l’œuvre du cinéaste.
Les personnages secondaires sont également particulièrement bien campés : le père ivrogne et irritable, la mère désabusée mais compréhensive et la jeune sœur qui, étudiant à Tokyo, cherche à échapper à un destin traditionaliste et à une réputation usurpée.

Ce très beau film, en avance sur son temps, est à la fois une leçon de mise en scène et une réflexion sur le bonheur, dans le Japon rural d’un après-guerre que l’on devine sans indulgence pour les oubliés d’une croissance encore timide.

Bellement mis en scène, ce film typique japonais (par son cadre, sa lenteur, ses décors) traite d’un sujet simple et peut être considéré comme un classique.
Les personnages sont assez stéréotypés : la soeur frivole, la soeur plus sage, la mère honteuse, le frère violent, l’amoureux perdu et le tout tient bien la route.