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soniadidierkmurgia
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3,5
Publiée le 31 décembre 2022
L’image de Robert Florey (1900-1979) maintenant largement jaunie a toujours été assez floue malgré une carrière prolifique de réalisateur à Hollywood qui le vit s’intéresser à tous les métiers du cinéma notamment l’écriture d’articles dans des revues comme « Ciné Magazine » ou de livres précieux relatant la vie à Hollywood au temps du muet. Né à Paris en 1900, Robert Florey s’exile à Hollywood en 1921, envoyé dans la Mecque du cinéma pour le compte d’une revue. Son entregent et sa faconde y font merveille, lui permettant de côtoyer assidûment le couple Fairbanks/Pickford, Rudolph Valentino, Charlie Chaplin et bien d’autres. Après avoir été assistant de King Vidor et de Josef Von Sternberg, il décide de passer à la réalisation. Très impliqué dans le projet d’adaptation de « Frankenstein », le roman de Mary Shelley, il doit laisser au dernier moment la place à James Whale. Dès lors, il fera l’essentiel de sa carrière dans la série B sous l’égide de différents studios dont la Paramount, la Columbia et la Warner. Après une grosse cinquantaine de longs métrages, il se consacre à partir de 1951 à la réalisation d’épisodes de séries télévisées (on lui prête 300 réalisations). Une carrière plutôt atypique donc que celle de Robert Florey dont il ne subsiste dans les mémoires de quelques cinéphiles de plus en plus rares que « Double assassinat dans la rue Morgue » (1932), qui lui a été concédé ainsi qu’à Bela Lugosi par Universal Pictures après leur éviction de « Frankenstein », et « La bête à cinq doigts » avec Peter Lorre. S’ajoutent à ces deux films quelques livres, documents rares et précieux richement agrémentés de photographies introuvables que laisse aux passionnés ce français d’Hollywood. Mais si l’on creuse un peu comme l’a fait Patrick Brion pour son émission « Le cinéma de minuit », le « french director » aura sans doute donné son meilleur pour la Warner grâce à des moyens métrages où il aura pu exprimer aux côtés de prestigieux acteurs et actrices encore peu connus son sens du détail et sa capacité à tirer le meilleur d’études de caractères perspicaces, concises et particulièrement toniques. Ainsi »Bedside » réalisé en 1934 pour la Warner qui permet de redécouvrir Warren Williams, acteur complet, étrange mariage entre John Barrymore et Basil Rathbone, trop tôt disparu et qui fut tout au long des années 1930 une énorme vedette aussi bien à Broadway qu’à Hollywood De 1931 à 1948, tout au long d’un soixantaine de films, il fera montre d’un éclectisme à tout crin qui assurera son succès. Le film tourné en 17 jours et d’une remarquable efficacité, décrit par le menu l’ascension miraculeuse d’un bellâtre velléitaire, joueur invétéré et alcoolique notoire qui joue éhontément de son charme melliflu pour abuser de la naïveté d’une jeune collègue infirmière (Jean Muir), persuadée qu’il peut faire un brillant médecin s’il reprend ses études de médecine malgré son âge avancé. Charmeur compulsif, Bob Braun (Warren Williams) va usurper le diplôme d’un médecin toxicomane en bout de course et signer un pacte faustien dont le spectateur ne peut que deviner l’issue. L’intrigue paraît bien sûr improbable quoique des cas similaires aient déjà été observés mais elle est menée avec suffisamment de dextérité » et de conviction par Robert Florey pour remplir sa fonction qui tient au suspense de savoir jusqu’où ira la supercherie flagrante de celui qui est devenu le célèbre docteur Martel. Les retournements de situation sont placés au bon moment pour relancer la crédibilité de l’ensemble. Mais on retiendra surtout la prestation de Warren Williams qui contribue par son abattage à l’intérêt de ce moyen métrage surprenant.