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    Les Sorcières du bord du lac
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    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

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    3,5
    Publiée le 29 décembre 2022
    Quand on est le fils du grand Gino Cervi, célèbre Peppone dans la saga "Don Camillo" et seul Maigret italien adoubé par Georges Simenon en personne, l'atavisme familial voudrait que l'on épouse la carrière d'acteur. Tonino Cervi né en 1929 à Milan a lui choisi de devenir producteur puis réalisateur (11 films à son actif). Après avoir fait ses premiers pas derrière la caméra avec le western spaghetti pour le tout à fait honorable "Cinq gâchettes d'or" (1968)qu'il coréalise avec le tout jeune Dario Argento, il propose deux ans plus tard avec "Les sorcières du bord du lac" une version fantastico-érotique du mythique "Easy Rider" sorti un an plus tôt, sorte d'OVNI cinématographique qui conserve encore aujourd'hui toute son étrangeté. Parfois maladroit, quelque peu répétitif (scénario coécrit avec David Cammell, le frère de Donald, collaborateur de Nicolas Roeg sur le psychédélique "Performance" avec Mick Jagger) et surtout interprété par des acteurs au jeu limité, le film parvient malgré tout à diffuser un parfum envoûtant qui tient sans aucun doute à son environnement insolite, à ses partis pris esthétiques aussi baroques que parfois grotesques et déroutants mais aussi à la plastique de ses trois actrices, égéries pour deux d'entre elles (Silvia Monti et Ida Galli) des petits maîtres du giallo (Lucio Fulci, Luigi Bazzoni, Sergio Martino ou Mario Bava) et jeune héroïne de "La collectionneuse" d'Eric Rohmer (1967) pour la troisième (Haydée Politoff). En préambule, comme une continuation du film de Dennis Hopper, Tonino Cervi nous invite à partager l'immense liberté deDavid, jeune hippie cheveux au vent qui avance dans la campagne italienneau gré des vibrations de sa moto. Sa rencontre avec un riche conducteur en panne que le jeune homme secourt et la discussion qui s'ensuit est l'occasion pour Cervi d'exposer la fragilité du statut de celui qui entend vivre sans entrave afin d'échapper à l'aliénation imposée par le système . La mort brutale du riche conducteur incitealors à penser que le récit va basculer dans un suspense routier précurseur de deux films majeurs qui vont marquer les années 70, "Duel" de Steven Spielberg et "Point limite Zéro" de Richard C. Sarafian sortis tous deux en 1971. Mais Cervi va prendre une toute autre direction. Un chemin de traverse forestier emprunté pour échapper à un contrôle de police amène le jeune homme dans une maison au bord d'un lac où vivent trois magnifiques créatures prétendues sœurs, aux charmes aussi mystérieux que leur présence dans ce lieu improbable. Quel homme libre comme l'air aurait l'idée de repartir devant tant de promesses érotiques même nimbées d'une pointe d'inquiétude quant aux habitudes bizarres de ce trio de charme ? Pendant une longue partie qui constitue le corps du film, le spectateur savoure aussi ébahi et envoûté que David l'atmosphère new age qui lentement va anesthésier sa volonté sapée par les assauts corporels de chacune de ces trois déesses sorties de nulle part. Les images de l'opérateur Sergio D'Offizi et la musique d'Angelo Francesco Lavagnino se conjuguent pour nous prévenir que tout ceci est forcément trop idyllique mais comme David on a envie de croire à ce bonheur immédiat qui ne se projette dans aucun lendemain ne s'entrave de quelconques contraintes. C'est le tour de magie réussi par Tonino Cervi avec très peu de moyens que de donner l'illusion qu'il existe un paradis terrestre pour les hommes (c'est important de le spécifier). La fin répressive plus conventionnelle et déjà vue provoquera un réveil brutal. Mais entre temps quelle curieuse expérience ! A sa manière très particulière, Cervi prend acte de la fin de la révolution hippie à peine éclose et presque aussitôt réprimée dans le sang un 9 août 1969 dans Cielo Drive quand les séides de Charles Mason massacrèrent sauvagement Sharon Tate, la compagne de Roman Polanski et ses amis. Quelques années plus tard en adaptant un roman de John Updike, George Miller qui certainement a vu le film de Tonino Cervi, proposera à Jack Nicholson dans "Les sorcières d'Eastwick" (1987) un voyage tout aussi dangereusement réjouissant mais beaucoup plus déjanté, le gore étant passé par là.
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