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Alu-Ciné
18 abonnés
56 critiques
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4,0
Publiée le 17 mai 2024
Un très joli documentaire : Thierno Abdoulaye Diallo prend son spectateur par la main et l'emmène en promenade dans l'espace et le temps de la Guinée à la recherche du point cinématographique d'origine, le premier film tourné en 1953 par un Africain noir. Ce faisant il interroge l'ancienne génération (des témoins des années Sékou Touré) et la nouvelle quant à leur relation au cinéma. Sa quête est aussi l'occasion d'un déplacement à Paris où notre enquêteur chemine dans une tenue qu'il serait traître de dévoiler ici tant elle participe de ce charme général d'un film très riche de ses aspects très divers. Un seul spectateur à cette séance du 16 mai à 16h et à Tarbes, quel dommage, ce documentaire mérite un vif intérêt de qui s'intéresse au septième art, à sa fabrication, à ses conditions de diffusion.
La caméra nonchalante accompagne les pieds nus du réalisateur de Conakry à Paris, en passant par la brousse et un ciné résistant anar. Un sorte de recherche naïve et mythique d'un film perdu. Où est passé Mouramani, symbole des séances de films à ciel ouvert, des projections bollywoodiennes en Afrique, de l'indigence de la culture. Un voyage pour le spectateur, ce qui ressemble à un sacerdoce avec deux sous de matos, pour tourner un sujet universel, le risque de la disparition globale des grands écrans. festival caravane - avril 24
"Mouramani" est un film mystérieux que personne n’a vu et rares sont ceux à en avoir entendu parler. Et pourtant, ce n’est pas n’importe quel film puisqu’il s’agit là du tout premier film réalisé par un cinéaste d’Afrique francophone noire (et accessoirement, le tout premier film du cinéma guinéen).
Pendant très longtemps, Afrique-Sur-Seine (1955) de Mamadou Sarr a été considéré (à tort) comme étant le premier film d’Afrique noire. C’est armé de sa caméra et de sa perche, que Thierno Souleymane Diallo parcourt la Guinée à la recherche de la moindre information sur Mouramani, le film de Mamadou Touré. Son voyage est aussi l’occasion d’une introspection sur son pays (ex-colonie française) et sur la situation préoccupante (voire inexistante) du cinéma dans le pays.
On découvre notamment que la Guinée a été avant-gardiste en son temps (notamment lors de l’indépendance) avec la création du "Sily-cinéma" (l’équivalent du CNC). Le pays était alors à la pointe en matière de création audiovisuelle, mais malheureusement, lors du coup d’état orchestré par le Portugal en 1970, c’est l’ensemble de la filière cinématographique qui tombera, et avec elle, des centaines de bobines 35mm qui n’auront jamais été archivées et/ou protégées (l’ensemble des bobines qui étaient stockées à la Cinémathèque guinéenne furent brûlées).
Le film donne aussi l’occasion de voir l’état lamentable dans lequel se trouvent certains cinémas en Guinée, notamment Le Vox (fermé en 1995 et où de rares bobines continuent inlassablement de prendre la poussière). Le réalisateur se rend jusqu’en France pour tenter de résoudre le mystère qui entoure Mouramani (puisqu’il a été tourné à Paris en 1953 en 16mm). C’est ainsi que l’on se retrouve au cinéma La Clef ainsi qu’au Fort de Bois-d'Arcy (qui abrite la direction du patrimoine cinématographique du CNC, avec près de 140 000 films en bobines 16mm & 35mm).
Une passionnante enquête sur un film perdu, doublée d’une très intéressante remise en question du cinéma guinéen, un véritable gâchis, aussi bien de ressources que de talents.
Un jeune cinéaste guinéen, Thierno Souleymane Diallo, part, avec la bénédiction de sa mère, à la recherche d'un film disparu : Mouramani, un court-métrage de vingt-trois minutes, tourné en France en 1953 par Mamadou Touré et qui passe pour être le premier film africain. Sa quête est l'occasion d'un voyage à travers la Guinée, en brousse puis à Conakry, et jusqu'en France. Il y montre que le cinéma guinéen, qui fut jadis prospère, n'est plus qu'un champ de ruines : concurrencées par les cassettes vidéo et les DVD, les salles de cinéma sont désaffectées et, privés de toute subvention publique, les jeunes cinéastes guinéens en sont réduits à se former avec des caméras en papier.
Il est de règle que, dans un documentaire, le réalisateur s'efface devant son sujet. Il ne saurait apparaître à l'écran. Tout au plus, parfois, peut-il faire entendre sa voix dans les entretiens qu'il mène. Thierno Souleymane Diallo viole toutes ces règles en ce mettant en scène, pieds nus (pour symboliser son dépouillement, la perche à son plantée dans son sac à dos, la caméra vissée au cou, dans le long périple qu'il entreprend à travers son pays puis, après avoir revêtu un beau costume cravate mais toujours pieds, en France. Un peu Tintin, un peu Monsieur Hulot, il promène sa longue silhouette sur les routes pour mener une quête qu'on sait vouée à l'échec si on connaît déjà un peu l'histoire du cinéma africain et celle de Mouramani, chef d'œuvre définitivement perdu.
La ruine du cinéma a fait déjà l'objet de plusieurs films. Le plus populaire est incontestablement "Cinema Paradiso". Plus près de nous, et bien moins célèbres, sont deux documentaires tournés respectivement au Soudan et en Afghanistan : "Talking about Trees" et "Kabullywood".
Aussi sympathique soit-elle, la démarche de Thierno Souleymane Diallo a le défaut de ne pas nous apprendre grand-chose sur une réalité qu'hélas on connaît déjà.
"Au cimetière de la pellicule" mi documentaire - mi fiction nous invite à nous plonger dans la jeune histoire du cinéma de l'afrique francophone.
En 1953, Mamadou Touré réalise "Mouramani", le tout premier film réalisé par un cinéaste d'Afrique francophone noire. Mais personne ne sait où le trouver. Thierno Souleymane Diallo parcourt la Guinée à la recherche de cette œuvre perdue, utilisant sa caméra pour se confronter à l'Histoire et au cinéma, celui que l'on regarde et celui que l'on fait.
Les critiques condescendants Le Monde / Télérama lui ont reproché de ne pas assez creuser son sujet mais je trouve au contraire que le fait qu'il soit filmé du point de vue africain lui apporte une fraîcheur et une authenticité qu'un documentaire à l'européenne lui aurait oté.
La fin du documentaire est une façon de répondre à la quête de Thierno et clôt l'ouvrage de manière savoureuse !!!!
Un réalisateur Guinéen parcours tel un va-nu- pied son pays en quête d'un symbole fort du Cinéma Guinéen:, soit le premier film réalisé par un Africain francophone. Sa quête est une métaphore du dénuement du cinéma africain. Il marche pied nu caméra au poing.
En Guinée, les cinémas sont des cimetières ou gisent chaises cassées, pellicules pleine de poussière, murs délabrés, caméras volées revendues pour en faire des marmites. Un cimetière. La mort des salles comme mort des films est mise en abîme comme la disparition de toutes les archives. En mal d'archive et de mémoire ce cinéma des pionniers est introuvable.
Le cinéaste se met en scène dans ce film et son egotrip est superbe, on a mal aux pieds avec lui de ce mal d'archives qui pèse comme un malheur au coût culturel exorbitant. Ce film introuvable en Guinée, le réalisateur tente de le trouver en France. Il en profite pour plaider pour ce cinéma d'essai (que nous aimons tous) et pour le collectif créé à Paris autour de la clef. Le message universel nous va droit au cœur, sans projection collective, il n'y a plus de cinéma. Il reste des films mais certes pas des films d'art. Le réalisateur ne donne pas de leçon contrairement à Nani Moretti, il enterre et réinvente le film disparu. C'est une re-naissance. Un rebirth. Entre toutes les prises de vue sublimes les scènes avec les enfants sont des bijoux cinématographiques. Militantisme, archives et poésie fusionnent dans un film stimulant et inventif qui me fait dire que tout n'est pas perdu. Résister au marché, c'est possible. Dans la sueur et le sang, en se brûlant les pieds. Merci Thierno Souleymane Diallo. Fabienne
Synopsis officiel En 1953, Mamadou Touré réalise "Mouramani", le tout premier film réalisé par un cinéaste d'Afrique francophone noire. Mais personne ne sait où le trouver. Thierno Souleymane Diallo parcourt la Guinée à la recherche de cette œuvre perdue, utilisant sa caméra pour se confronter à l'Histoire et au cinéma, celui que l'on regarde et celui que l'on fait.
Dans les rues de Conakry, un homme lesté d'une caméra et de matériel de son marche pieds nus. Non, sa quête n'est pas celle d'Antoine de Maximy et il n'a aucune intention de dormir chez l'habitant mais il recherche, lui aussi, des témoignages, dans le but de mettre la main sur la copie d'un court-métrage, Mouramani, qui peut revendiquer le titre de premier film réalisé par un Africain noir francophone, en 1953, et depuis longtemps disparu, Des petites villages de Guinée à Bois d'Arcy, l'inlassable enquête du cinéaste, Thierno Souleymane Diallo, se poursuit, et toujours pieds nus. Au cimetière de la pellicule maintient le suspense mais l'intérêt est plus large, avec le triste constat que le cinéma en salles disparait peu à peu, en Afrique, c'est évident, mais les cinémas indépendants parisiens sont aussi touchés par un phénomène universel. Pétri de bonnes intentions et réalisé avec goût, Au cimetière de la pellicule nous rappelle en creux que le cinéma de l'Afrique subsaharienne n'occupe plus qu'une place mineure dans le concert mondial, hélas. Il est loin le temps où les longs-métrages de Souleymane Cissé, de Idrissa Ouedraogo ou encore de Cheik Doukouré (Guinéen, lui aussi)) faisaient les beaux jours des plus grands festivals européens, Cannes compris.
(...) C’est grâce à cette approche culottée que ce film est passionnant, dans sa façon de se jouer des obstacles matériels pour questionner aussi bien la mémoire que l’existant. (...) Cette structure composite, ces entrées multiples, participent d’une pensée nouvelle du documentaire où chaque scène devient événement, justement mis en scène pour interroger le présent. Et où l’objet de recherche s’avère de plus en plus être un objet vivant. (...) De la quête de l’impossible, il fait une épopée. Et c’est vrai qu’il y a du fabuleux et du sublime dans cette façon de rapprocher, au-delà de tout discours plombant, une quête personnelle de celle d’une profession, d’un public, d’un pays, d’un continent même. Au point de faire en sorte que devant nos yeux ébahis, ultime supercherie mais aussi manifeste d’espérance, le culot de Thierno va jusqu’à reconstituer avec une caméra en carton ce que les affres de l’Histoire ont détruit à jamais. (lire l'intégralité de la critique sur Africultures : http://africultures.com/au-cimetiere-de-la-pellicule-de-thierno-souleymane-diallo-15750/)