Le cinéma de David Hamilton a une tendance fâcheuse, c’est la lenteur et le propos souvent très superficiel. Franchement, même si ce Bilitis n’est pas sans qualité, je l’ai trouvé d’un ennui profond !
A l’écriture il y a Catherine Breillat, et ça ne m’étonne guère car malheureusement cette dernière a le don pour offrir (en général) des films marquants par leur longueur, leur superficialité, et ici, que c’est long ! Ça dure 1 heure 30 mais le film en parait le double tellement ça se traine, tellement la petite base scénaristique est expansée au maximum jusqu’à la déraison. Bilitis est un film à l’histoire simple, que je ne résume pas car elle l’est très bien sur allocine, et il aurait vraiment fallu venir la nourrir davantage. Ce n’est pas avec un peu d’érotisme et de saphisme qu’une telle histoire peut suffire à passionner le spectateur. En plus ça n’a pas d’intensité sentimentale, Hamilton est ici au sommet de son style contemplatif, faisant en effet œuvre de photographe, mais alors de narrateur, ouch ! En fait ça ne vibre pas, il n’y a pas de sentiments, d’émotions, ou alors c’est tout vaporeux comme la photographie.
Formellement Bilitis c’est du Hamilton pur jus. Photographie floutée, décors d’une élégance académique, renforcée ici par le fait qu’il s’agit d’un film en costumes, et mise en scène très (trop) démonstrative. C’est joli, mais c’est en effet un film qui reste surtout un catalogue d’images papier glacé, et l’on sent le photographe mais pas le cinéaste. Il filme, et ok c’est raffiné, mais il n’y a pas réellement d’âme, ça ne respire pas, c’est techniquement bon mais émotionnellement c’est fade. La bande son pour sa part est très agréable, Francis Lai est un compositeur de talent et il livre une musique soignée, dans le ton du film, et souvent présente, mais qui manque sans doute de peps vu que le film est déjà lourd à digérer.
Le casting présente des acteurs à leurs débuts, une Patti d’Arbanville charmante et dont je reconnais que le jeu est assez subtil. Elle apporte un peu de consistance à ce personnage qui n’aurait pu être qu’une nymphette de plus dans le monde de l’érotisme ! Reste que Mona Kristensen n’est pas mal du tout non plus. Côté masculin, Bernard Giraudeau est un peu tiédasse. C’est le cas d’ailleurs aussi de Mathieu Carrière. J’ai trouvé les prestations masculines sans grand relief, Bernard Giraudeau semblant un peu là comme dans Les Vacances de l’amour quoi !
Franchement, Bilitis est un petit Hamilton. S’il n’a pas de films de génie, ici c’est juste un bel essai papier glacé mais dépourvu d’âme, et, c’est dommage, c’est sûrement le film du réalisateur qui se veut le plus profond, le plus sensible, avec une histoire d’amour à quatre qui pouvait promettre. Si seulement il y avait eu des émotions, des sentiments, du rythme, bref, ce qui fait un bon film. On pourrait même dire d’érotisme, car ici Hamilton est des plus sages. 1.5