Les Keufs est un film très ancré dans son époque, et pour tout dire, comme les films de Balasko en général, assez sympathique. Le problème c’est quand même l’humour trop redondant, la critique du racisme très insistante et caricaturale, et un côté « roue libre », où l’improvisation semble parfois avoir joué un rôle assez important !
Le film dispose d’un casting très typé des comédies françaises de l’époque, avec pour petite surprise, Jean-Pierre Léaud dans un second rôle. Lequel s’en tire bien. Balasko, Bankolé, Holgado dans un second rôle, voilà tout un petit monde qu’on a pu voir souvent à l’époque dans des comédies populaires. La complicité Balasko-Bankolé est là, même si les situations qui les opposent sont comme dit en ouverture assez attendues et caricaturales. Malgré tout, Balasko tient son rôle avec solidité, Bankolé est un acteur très correct, et la présence de quelques seconds rôles réussis permet de disposer d’un casting avantageux.
Le scénario est une enquête policière sur fond comique dans un style qui pourra rappeler un buddy-movie à la française en fait. Pour ma part, si l’histoire est superficielle elle se laisse suivre, et il y a quelques séquences réussies niveau drôlerie, même si au fond Les Keufs restent au milieu du gué. Balasko semble s’être moins concentrée sur la partie humoristique que sur la partie « sociétale », et finalement Les Keufs relèvent presque davantage du film engagé qu’autre chose. Dénonciation du racisme, évocation du SIDA, de la prostitution, de la drogue, le métrage possède un fond sombre, pas mal vu mais traité souvent avec redondance et un trait très balourd. Je ne sais pas par exemple si beaucoup d’entre vous ont déjà croisé dans le métro des skinhead chantant l’hymne national nazi ? Alors parfois ça fonctionne, mais globalement Balasko sort le bazooka, et comme c’est répétitif ça pourra lasser ou agacer.
Visuellement c’est pas mal. Quelques scènes d’action plaisantes, une mise en scène alerte, une ambiance eighties réussis, Balasko offre un film propre, avec un certain luxe et une certaine élégance qui le démarque de pas mal de comédies populaires du temps. Il y a un sens du détail certains, notamment dans les costumes, et c’est dynamique, ce qui n’est pas pour déplaire. La musique m’a moins marqué en revanche.
Vous l’aurez compris, Les Keufs n’est pas le meilleur film de Balasko. Si l’on retiendra les numéros d’acteurs et quelques scènes marrantes sur un fond sérieux assez grave, le film souffre d’une intrigue policière assez faible, d’un humour trop peu prégnant, et d’une tonalité dénonciatrice caricaturale qui boursoufle cette comédie plus qu’elle ne lui apporte. 2.5