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LCDC YT
91 abonnés
195 critiques
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4,0
Publiée le 1 octobre 2024
Accroché à une réalité terrifiante et actuelle, le long métrage de Boris LOJKINE est un vrai et difficile brûlot moderne sur l'immigration, pas toujours subtil, mais vraiment brillant et impactant de bout en bout
Le livreur en vélo comme figure d'un capitalisme sauvage et mondialisé concentrant aussi les questions des migrations et plus généralement des rapports Nord-Sud devient ici le héros d'un film qui puise aussi bien aux sources du documentaire qu'à celles du film social et du thriller. Le réalisateur Boris Lojkine a fait ses preuves dans des projets tournés au loin (Vietnam ou Afrique) et filme pour la première fois Paris vu au travers des yeux de Souleymane, jeune guinéen sans papier, qui loue un compte pour exercer son activité de livreur et doit passer dans 48 heures un entretien en vue d'obtenir l'asile et les papiers qui vont avec; L'existence du jeune homme repose ainsi sur deux fictions : celle de son identité usurpée auprès d'un 'ami' et celle de son histoire écrite par un autre qu'il doit apprendre et maîtriser pour amadouer les services de l'OFPRA. Construit comme une cascade de soucis qui s'accumulent, L'Histoire de Souleymane évite cependant le manichéisme : le livreur sans cesse en mouvements dans une ville nocturne et anxiogène (qui prend d'ailleurs les allures d'une métropole presque anonymisée) n'est pas un saint et ceux qui l'entourent ne sont pas que des profiteurs. Dans la jungle, chacun se débrouille comme il peut. La dernière séquence rompt totalement avec les partis pris initiaux de mise en scène. Cette volte-face apparaît ainsi comme une libération de parole, ou d'un sanglot trop longtemps contenu, la possibilité de trouver sa place sans mensonge ou arrangement. Complet amateur, le jeune Abou Sangare est sidérant de force et d'incarnation, livrant un véritable travail d'acteur. Sa récompense à Cannes est donc justifiée. Peu importe au final qu'on y voie (ou pas) un message politique, le film est d'abord un moment de cinéma avec tous les ingrédients nécessaires à en faire une œuvre largement au-dessus de la mêlée.
le quotidien d'un réfugié Guinéen en attente de la delivrance de sa carte de résident. pendant 1h30 nous suivons Souleymande, dans son monde dystopique. POIGNANT
Ce film pourrait être un documentaire, mais c'est une fiction retraçant le parcours oh combien difficile de ce jeune guinéen arrivé clandestinement en France, qui survit tant bien que mal en tant que livreur, et qui se prépare à un entretien déterminant pour lui en vue de l'obtention de papiers. On voit que tout fonctionne avec de l'argent, pour obtenir des soi -disant document qui devraient appuyer le récit de ce jeune homme, appris par coeur (et tout le long du film je me demandais mais pourquoi diable ne pas dire simplement la vérité, au lieu de s'inventer un récit politique, d'ailleurs la personne qui reçoit son récit spoiler: ne s'y laisse pas prendre) Même si la vie en Guinée était difficile, en France ça l'est tout autant.. Tout ce parcours est très prenant, émouvant, ce jeune homme est attachant, et vraiment on reste sur sa faim : aura-t-il convaincu ou pas ?
Vu en avant première à Lyon avec une présentation et une explication de la Cimade. L'histoire de Souleymane est assez bouleversante et nous remet un peu en place sur nos problèmes et illustre bien les invisibles migrants que l'on voit régulièrement, notamment les livreurs à vélo qui vivent dans la misère, l'illégalité, la corrupion interne, arrachés à leur patrie et leurs proches dans le seul espoir d'une vie meilleure parfois bien loin de leurs attentes..
Il est des films éminemment utiles, qui changent profondément et durablement notre regard sur nos concitoyens. "L'Histoire de Souleymane" est de ceux-là. À la manière du très juste "À plein temps" avec Laure Calamy, le film nous entraîne dans la course éperdue d'un être pris dans l'urgence de s'en sortir, face à une société brutale, inégalitaire et injuste. Il donne chair à la réalité du quotidien de centaines d'hommes et de femmes qu'on croise au quotidien mais dont on ne se figure pas totalement les conditions de vie éprouvantes. Tout est urgence, tout le temps : urgence de multiplier les courses Ubereat, urgence d'obtenir la commande pour en faire davantage (impossible d'attendre 7 min sur un trottoir), urgence de récupérer l'argent qu'on a gagné, urgence de trouver où dormir le soir et pour cela d'attraper, le bon bus, le bon métro, le bon RER, urgence de faire sa lessive dans un lavabo avant le couvre-feu, urgence de prendre une douche pendant que les autres attendent, de réparer son vélo pour repartir de plus belle, etc. Cette course permanente est suspendue un temps ou deux pour un café, un appel au pays, la préparation de l'audition pour avoir son titre de séjour. Tout va se jouer là, dans un bureau administratif, qu'on nous laisse deviner dès les premières minutes. Tout est tendu vers ce moment de vérité qui restera dans nos mémoires longtemps après être sorti de la salle de cinéma et qui révèle qu'au jeu du mérite, des épreuves traversées, des compétences acquises, de l'esprit d'initiative, de la générosité et du courage, les plus respectables ne sont pas ceux qui critiquent et commentent sur les plateaux-télé mais ceux qui luttent pour s'en sortir.
On suit durant trois jours Souleymane, Guinéen exilé en France pour aider sa mère, qui tente de survivre. En attente de papiers, il se couche très tôt, pédale toute la journée pour livrer des gens plus ou moins sympathiques, se blesse, tombe, se relève, repart, se couche tard dans un centre d'accueil. C'est un film poignant qui nous fait ouvrir les yeux sur des gens que l'on ignore.
L'histoire de Souleymnane - beau titre à double sens - c'est l'histoire à la fois banale et sidérante de celles et ceux qui luttent pour survivre et pour vivre dignement, au milieu d'un monde malade bourré d'exploitations et d'inégalités, et qui sont suspendus au bon vouloir d'une administration pour parvenir à leur but. Prenant dès les premières minutes, haletant, le film est des rares qui peuvent mériter l'appellation souvent galvaudée de "film coup de poing". L'interprète principal a amplement mérité son prix d'interprétation. A la fin, le spectateur sait, spoiler: comme on peut le lire dans le regard compatissant mais résigné de cette fonctionnaire de l'OFPRA, que ça ne suffira pas, et cette injustice fait mal au ventre .
Boris Lojkine avait réalisé Hope en 2015, un très beau film sur la traversée du Sahara. Il nous offre en quelque sorte une suite avec L’histoire de Souleymane, un quasi-chef d’œuvre qui dépasse d’une tête les nombreux films que le cinéma français nous a offert sur les migrants depuis 5 ans.
L’acteur Abou Sangare joue des situations très proches de ce qu’il a réellement vécu, il est de ce fait bouleversant. La mise en scène est palpitante – à titre d’exemple la caméra était montée sur un vélo pour pouvoir suivre à des allures folles la course de Souleymane dans Paris. Les séquences sur son travail de livreur ubérisé rappellent un peu le Sorry we missed you de Ken Loach et n’ont rien à lui envier.
Enfin, la scène de l’entretien pour instruire la demande d’asile est un monument de cinéma, aussi réaliste (et donc édifiante) que profondément émouvante. Il faut un bon moment pour sortir du film !
L’histoire de Souleymane n’a pas volé ses récompenses à Cannes ! (Prix du Jury et Prix du meilleur acteur dans la section Un certain Regard).
spoiler: Souleymane est un jeune guinéen qui travaille comme livreur chez deliveroo, empruntant l'identité d'un autre homme pour un tarif prohibitif pour être autorisé à travailler sur la plateforme. Souleymane prend des cours auprès d'un autre immigré pour construire l'histoire qu'il servira à l'administration française pour obtenir un statut de réfugié politique et un permis de travail. Malheureusement, lors d'une journée lambda, tout s'emballe. En salle le 9 octobre.
spoiler: "l'histoire de Souleymane" met le curseur sur le quotidien d'un jeune immigré guinéen à Paris. Le personnage principal enchaîne les galères administratives et est sous le joug de créanciers divers qui n'hésitent pas à profiter de lui. C'est un film social intéressant qui fait réfléchir à deux fois avant de refuser une commande deliveroo en présentant la vie d'un immigré comme loin d'être idéale une fois arrivé à bon port. Le château de cartes de Souleymane s'effondre lors de l'entretien d'immigration où il s'ouvre sur sa véritable histoire et la vraie raison de son immigration : sa mère. Une tranche de vie qui ne tombe jamais dans le pathos et ne fait pas doublon avec les multiples films récents sur la même thématique.
Très bon et intéressant film de Boris Lojkine qu'il réalise sans angélisme ni démagogie ! C'est réalisé comme un documentaire et ne tombe pas dans la caricature . Chapeau à Abou Sangare qui interprète Souleymane et qui est lui même dans la vrai Vie en quête d’une régularisation ! ...