A qui Dieu se confesse-t-il ?
Depuis 2009 et son navet taille XXL, 500 kg d’or pur, Eric Besnard a à peu près réussi tout ce qu’il a entrepris, avec par exemple, Le goût des merveilles, Délicieux ou Les choses simples. Cette fois, il a décidé de faire dans le drame historique en nous parlant de ceux qu’on a appelés « les Hussards noirs de la République ». En l’occurrence d’une hussarde : 1889. Envoyée dans un village de la campagne française, l’institutrice Louise Violet doit y imposer l’école de la République (gratuite, obligatoire et laïque). Une mission qui ne la rend populaire ni auprès des enfants… ni auprès des parents. 108 minutes intenses qui ont le mérite de rappeler qu’à chaque époque le progrès a rencontré de fortes oppositions. Une belle histoire superbement mise en scène et interprétée par un casting somptueux.
Notre République unie autour de la laïcité est agressée, notre société est de plus en plus communautariste et victimaire. Eric Besnard a voulu raconter un épisode du long combat pour obtenir l’école gratuite pour tous. Des femmes et des hommes se sont battus, sont parfois morts pour ça. Ce film explique qui on est, d’où l’on vient et explore l’identité française et ses spécificités. Le choix de faire un film qui parle des premières institutrices envoyées dans les campagnes et projetées dans un monde d’hommes à la fin du 19e siècle est évidemment originale et passionnante. Le film baigne dans une atmosphère à la Zola. La reconstitution est plus que soignée. Les paysages d’Auvergne d’une beauté à couper le souffle et, je l’ai dit, l’affiche sans reproche.
De mémoire, c’est la première fois qu’Alexandra Lamy, toujours aussi juste, joue dans un film en costumes. De tous les plans, elle trouve en Grégory Gadebois, - parfait comme toujours -, Jérôme Kircher, Patrick Pineau et Jérémy Lopez d’excellents partenaires. Au-delà de ce pan d’histoire abordé avec subtilité, le film pose des questions cruciales – mon sous-titre en est un exemple -, et revient sur une des bases de notre société. On peut regretter que l’ensemble un petit manque de rythme dans la 1ère partie plombée par une voix off un peu envahissante, avant de trouver son efficacité dans la dernière heure, quand les personnages prennent vraiment de l’épaisseur. Mais cet hymne à l'école républicaine sous forme de portrait de femme, vaut le déplacement et reste une belle réussite.