Le film Reine mère de Manele Labidi est une œuvre à la fois personnelle et universelle, puisant dans les souvenirs de la réalisatrice pour les réinventer avec poésie. S’inspirant du concept de « biomythographie » d’Audre Lorde, La réalisatrice joue avec la mémoire et l’histoire pour offrir un récit à la croisée du réel et de l’imaginaire. L’un des éléments les plus marquants du film est l’apparition de Charles Martel sous forme d’ami imaginaire, issu d’une leçon d’histoire d’enfance. Ce choix surprenant questionne la manière dont les figures historiques influencent notre identité et comment elles sont instrumentalisées.
Le film mêle habilement satire et comédie sociale en suivant une famille confrontée à la menace d’expulsion, avec Camélia Jordana dans le rôle principal. L’humour y est bien dosé et les acteurs livrent une prestation convaincante. Pourtant, quelque chose semble manquer au récit pour le rendre pleinement abouti. Peut-être est-ce intentionnel, pour illustrer la manière dont l’Histoire se construit avec des omissions et des approximations. Reine mère est une œuvre intéressante qui bouscule les stéréotypes, mais on aurait aimé une profondeur supplémentaire pour que le propos soit encore plus percutant.