Riche en humour et en fantaisie, jusqu'à l'absurde, Un divan à Tunis s'était imposé comme une jolie surprise, à sa sortie, en février 2020. Le nouveau film de Manele Labidi, qui semble conçu comme une comédie italienne, semble partir sur des bases aussi élevées mais ne tient pas cette fois vraiment la distance. La faute à une certaine dispersion des sujets traités et à un rythme inégal. Le côté social de cette chronique située dans les années 90 ne manque pourtant pas d'acuité, en embrassant l'intégration française d'un jeune couple issu de l'immigration et les aléas d'une vie quotidienne qui demande du courage, sans même évoquer le racisme plus ou moins latent de l'environnement. Là-dessus, comme un chevalier sur la soupe, débarque Charles Martel, apparition incongrue, dont la déconstruction du mythe est loin d'être sans intérêt mais qui n'imprime pas tant de folie que cela à un film trop en retenue dans cette veine. Il y a donc un côté décousu dans Reine mère qui bénéficie pourtant de la présence épanouie d'une Camélia Jordana en grande forme et d'un Damien Bonnard qui s'en donne à cœur joie. Si l'ensemble s'avère agréable et largement au-dessus du niveau moyen des comédies françaises actuelles, il lui manque toutefois un petit truc en plus pour séduire sans aucune réserve.