Ai vu « Trois amies » d’Emmanuel Mouret. Le réalisateur rajoute une pièce supplémentaire à son oeuvre d’une grande cohérence et originalité. « Trois amies » est une variation sur le sentiment de l’amour qui stagne, se tari, surgit, s’enflamme, se contrôle, se fait désirer… Trois amies, toutes trois professeurs dans l’Education Nationale dans le même collège, vivent des histoires d’amour mais pas au même stage et qui vont évoluer avec le temps. Comme au jeu des chaises musicales il y en a toujours une qui reste en rade. Alice, professeur d’histoire (parfaite Camille Cottin dans un registre nouveau qui lui va bien) n’a jamais été amoureuse de son mari mais est heureuse avec lui. Joan, professeur d’anglais (sublime India Hair) est sur le point de quitter son mari et père de sa petite fille, sans savoir à quel point sa décision va impacter tout son entourage. Rebecca, professeur d’Art Plastique, (irradiante Sara Forestier) vit une histoire passionnée avec un Monsieur X qui est marié. Autour de ce trio, les hommes (Damien Bonnard, Grégoire Ludig, Vincent Macaigne, Eric Caravaca) vont papillonner, virevolter, se succéder, partir, se poser… Comme à son habitude, Emmanuel Mouret construit un scénario d’une mécanique de haute précision imparable. Les dialogues littéraires sont savoureux, la caractérisation des personnages très juste. Mais Mouret est aussi de plus en plus un grand metteur en scène, dans ce nouvel opus il fait évoluer ses comédiens et sa caméra en mouvements fluides et constants souvent proche d’un ballet, jouant avec les perspectives, les portes, les couloirs… Là aussi la grammaire et la mécanique sont à leurs apogées. « Trois amies » est un film d’une grande élégance où les sentiments sont subtils, le propos prête toujours à réflexion, sans oublier la jubilation de voir toute cette équipe très homogène de comédiens se délecter à interpréter ce marivaudage doux-amer.