Si le reste du monde devait élire le film le plus français de l'année, nul doute qu'il choisirait Trois amies, haut la main. Sans remonter à Marivaux, la tradition hexagonale des œuvres où le sentiment amoureux prédomine a trouvé un héritier exemplaire en Emmanuel Mouret, après Rohmer et Truffaut, parmi d'autres. Son dernier film, qui n'est pas son meilleur, nous entretient des amours plus ou moins réciproques de trois femmes, le cinéaste délaissant un peu, cette fois-ci, l'autre sexe, même s'il est impliqué dans ce marivaudage qui marie élégamment conversations et situations, dans un milieu urbain (Lyonnais) et intellectuel. La voix off,, qui s'efface heureusement souvent, donne au long métrage un aspect littéraire, voire même théâtral, ce qui ne gène pas dans le cadre du cinéma d'Emmanuel Mouret, qui aime ses personnages, même quand ils sont perdus, hésitants ou même hypocrites. Le film 'est une ode à l'amitié, vibrante, et une étude sur la synchronicité amoureuse, laquelle ne va évidemment pas de soi, et des petits arrangements que cela nécessite, dans une vie de couple. C'est donc une comédie, mais pas de boulevard, qui intègre aussi le deuil parmi ses ingrédients, sans que cela n'entache la légèreté voulue de l'ensemble. Au jeu de l'amour et du hasard, le rôle d'India Hair est de loin le plus touchant et cela tombe bien car l'actrice se révèle parfaitement à l'aise dans un registre qui la change des caractères, assez souvent loufoques, qu'elle a eu à interpréter par le passé.