Qu’on le veuille ou non, "Nuit d’ivresse" se laisse regarder. Et qu’on se le dise en toute honnêteté, ce n’est guère plus débile que les films de cet acabit concoctés par tout ou partie de la troupe du Splendid, décidément douée pour dresser une caricature assumée de personnages aussi divers que variés. Ici nous retrouvons Josiane Balasko en femme qui vient de sortir de prison et qui ne tarde pas à faire parler d’elle suite au délit de faciès commis par des policiers décidément peu respectueux. Sa destinée l’amène sur le chemin de Thierry Lhermitte dans un banal bar de gare, ce dernier étant dans la peau d’un célèbre animateur télé récemment auréolé du Dandy d’or, en train d’attendre sa fiancée en mode « se fait attendre » indéfiniment. C’est donc presque tout naturellement que l’animateur entraîne la pauvre fille dans sa beuverie pour une nuit… d’ivresse, avec pour conséquence un retour sur terre assez douloureux apporté par un réveil difficile et riche en événements. On notera au passage la très bonne séquence du robinet et de la cafetière. Alors certes ce n’est pas le meilleur film du genre, mais il offre néanmoins un divertissement somme toute correct, allant peut-être même jusqu’à rappeler des souvenirs cocasses chez les uns ou les autres. Allons allons, il y en a bien quelques-uns parmi vous qui se sont réveillés au lendemain d’une beuverie en drôle de compagnie… oui oui oui, j’en vois un là-bas qui se tortille de gêne avec un sourire crispé ! Après je peux comprendre que certains spectateurs puissent être relativement déçus par ce film. Il faut reconnaître que "Nuit d’ivresse" part assez fort, dans un premier temps emmené par un Thierry Lhermitte en grande forme. Il se lâche tellement que c’est à se demander s’il n’était pas réellement bourré pour les besoins du tournage. Il en aurait été bien capable, le bougre ! Après tout, il s’était bien rendu totalement ivre sur un plateau télé (c'était le 8 octobre 1985 lors de l'émission de Monsieur Cinéma : Mardi Cinéma) avec Anémone, elle aussi grisée au possible ! Le fait est qu’il alimente à merveille la définition du dandy, à savoir l’élégance suprême dans sa toilette, ses goûts et ses manières. Sauf que là aussi, la caricature n’épargne pas cette définition. En particulier les manières. D’une certaine façon, il y excelle ! A croire que le tandem a voulu pointer du doigt ceux qui se permettent n’importe quoi sous prétexte qu’ils sont connus et riches, encore que la question d’argent n’est pas vraiment mise sur le tapis mis à part le signe extérieur de richesse qu’est le véhicule. Mais nous apprenons une chose (ou nous nous la faisons confirmer, sans pour autant en faire l’apologie), c’est que sans alcool… la fête est plus molle ! Mais après, il faut en assumer les conséquences et c’est bien évidemment là-dessus que le film se poursuit. Toujours est-il que les deux acteurs n’ont pas peur du ridicule. Je ne sais pas s’ils se sont reposés sur le fait établi que le ridicule ne tue pas, mais en tout cas dans ce domaine c’est bien Josiane Balasko qui remporte la palme. Entre sa robe que personne n’oserait mettre depuis les années 80 (ben tiens ça tombe bien, le film date de 1986), et le fait de jouer aux majorettes dans un parking souterrain… scène culte restée dans les annales, ceci dit. Ensuite on a bien quelques seconds rôles savoureux, comme le regretté Ticky Holgado. Outre le fait que le toulousain apporte un peu de soleil par son accent du sud, il bénéficie de quelques répliques qui le rendent reconnaissable entre mille. Après c’est sûr, ce n’est pas un chef-d’œuvre, loin de là. C’est souvent le lot des films qui lorgnent vers la caricature. J’ai même noté au moins un faux raccord. Alors certes ce n’est pas ce qui se fait de mieux en la matière, on rit peut-être moins (j’en suis même sûr) que dans les autres comédies servies par tout ou partie des membres du Splendid, mais il offre un divertissement suffisant pour nous faire oublier nos petits déboires du moment (surtout en cette période de confinement), à moins que vous ne soyez dans le même genre de panade que les deux protagonistes principaux. 12/20 en ce qui me concerne.