Un film résolument inégal et maladroit au point de desservir le propos de ce qu‘il essaie de raconter. Maladroit et déséquilibré par la forme: Olivier Casas use et abuse de séquences non seulement au ralenti mais multi-redondantes flashbacks alternants, le tout sous une sur-enchère dégoulinante de musiques mélodramatiques comme un sirop au sucre essayerait de redonner couleurs et saveur à une tarte aux fruits surgelés (comprendre: c‘est indigeste, et le procédé trahit ce qu‘il essaie de cacher).
Le scénario étant vrai, on peut difficilement accuser le réalisateur d‘incohérences questionables à la fois dans la reconstitution des événements dans l‘enfance des deux frères, ou dans l‘attitude qu‘ils adoptent en tant qu‘adultes: riches et déconnectés de la nature, menteurs, froids avec leur entourage.
Par contre ! On peut l‘accuser de ne donner que trop peu d‘éléments explicatifs sur ces sujets: l’apprentissage des techniques de survie est survolé en 5 minutes (contre combien de plans sur les enfants courant au ralenti dans les champs, dans la rivière ou grelotant sous la neige ?), et il ne donne qu‘à la fin des clés de compréhension de la construction des personnages.
Il faut donc réfléchir par delà ce qui nous est montré (mais heureusement, on s’ennuie tellement que ça nous en donne le temps) pour par exemple comprendre que eux qui semblaient égoïstes à plaquer femmes et enfants (apparaissant toutes, sauf le fils, preuve peut-être d‘un récit d‘hommes par les hommes et pour les hommes, comme trop égoïstes et capricieuses pour comprendre ces hommes ténébreux) sans explications, ou hypocrites à utiliser l‘anecdote du camping comme parade pour couper court à toute tentative sympathique des Canadiens, souffrent en fait de culpabilité l‘un envers l‘autre, ou de penser à tort avoir tué, et enfin surtout de la grande douleur qu‘a été leur retour au monde normal et la séparation forcée qui en a découlée. De n‘avoir comme allié avec une certitude inébranlable, quand retranché dans des situations de survie critique (le sentiment de mort imminente de l‘un d‘eux), comme seul allié l‘un l‘autre, une fuite pour se retrouver quitte à tout abandonner, est alors plus compréhensible. Dommage qu‘Olivier Casas ne le montre que gauchement au prix de personnages principaux (surtout Yvan Attal), frisant l‘antipathie, et de personnages secondaires sonnant faux (bien sûr qu‘un mari ou un père qui disparaît tous les quelques temps pendant plusieurs mois sans rien expliquer, ça donne l’impression qu‘il ne daigne pas faire très attention à vous, et cela explique les réactions à première vue excessives), leur mauvais jeu, palme de la plus mauvaise actrice à la mère, n‘améliorant rien.