Enfin !
Un 1er film pour Julie Navarro et enfin une comédie intelligente sur l’accueil des migrants dans notre beau pays de France. Arthur Berthier, critique rock relégué aux informations générales après avoir saccagé une chambre d’hôtel, découvre que le journalisme est un sport de combat. Envoyé à l’hôpital par un CRS en couvrant l’évacuation d’un camp de migrants, il tombe sous le charme de Mathilde, la responsable de l’association Solidarité Exilés et accepte, pour quelques jours croit-il, d’héberger Daoud, un jeune Afghan. 105 minutes qui savent poser de vrais problèmes sans pour autant faire dans le manichéisme facile et le misérabilisme lourdingue. Un vrai bon moment à ne pas rater.
Quand on pense que ce film, s’il avait repris le titre du roman dont il est inspiré, De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire. – Ah oui ! Ça claque ! – Ici, on doit saluer la manière d’embrasser la thématique migratoire avec un ton différent, la distance de l’humour qui évite le racolage émotionnel. Et pourtant, loin de toute caricature, ça sonne très juste. Les situations, les sentiments, les rebondissements. Les personnages parlent vrais et ont de la chair. L’intranquillité, la fragilité, la colère, l’empathie, le découragement, la fatigue psychologique… tout est là, formidablement bien décrit, mais avec un humour et un recul omniprésents. Intelligent, émouvant et drôle… la vraie vie quoi !
En haut de l’affiche, Camille Cottin, comme toujours engagée et convaincante et un Benjamin Biolay, qui enfin sort de sa posture distante et froide et parvient à nous faire rire franchement. Un rôle à marquer d’une pierre blanche. Amrullah Safi, n’est pas comédien, il est afghan… et cuisinier. Il est surtout parfait dans ce joli rôle en demi-teinte. Les seconds rôles tenus par Makita Samba, Loula Bartilla-Besse, Hyppolite Girardot, Saadia Bentaïeb, Olivier Charasson… mélangés avec des vrais bénévoles, des travailleurs sociaux et des services civiques, sont tous impeccables. Parvenir à fusionner cinéma social et comédie romantique avec cette vivacité et cet enthousiasme contagieux relève de la magie. Sauvez ce film sorti sans promo, sans bande annonce, sans grands moyens… il ne lui manque que le public. Et le public, c’est vous.