Une sorte de film maudit, moqué par certains comme adulé par d'autres... Je ne fais partie d'aucune des deux catégories même si, à trancher, je ferais plutôt partie des seconds. Il faut reconnaître que ce n'est pas l'œuvre de tout le monde : la démarche est originale, cette volonté de mélanger deux genres complètement antinomiques (guerre et fantastique) pouvant séduire. Mais bon, c'est quand même souvent du grand n'importe quoi. Autant la première partie se tient à peu près, et je peux entendre que l'entreprise ait rencontré d'énormes soucis de production, avec un montage passant notamment de 210 à 90 minutes : évidemment, ça n'aide pas. Maintenant, il est clair que ce qui reste n'est vraiment pas satisfaisant. Il y a bien de belles images ultra-torchées, sophistiquées au possible, accompagnées au passage par la musique planante de Tangerine Dream, mais hormis le personnage de Ian McKellen, les uns et les autres ont soit du mal à exister, soit carrément ridicules, à l'image de celui incarné par Scott Glenn, où il faut le voir pour le croire : une sorte de
voyageur temporel venu sauver le monde
sans qu'on nous donne le moindre début d'explication de sa présence, sans parler d'un dénouement totalement hallucinant et complètement négligé
(euh, en fait, pourquoi il n'a pas fait ça dès le départ, le Monstre dégageait d'emblée et on évitait les tueries, la terreur, tout ça... non?)
. Disons que c'est une curiosité, sorte de série Z (au moins dans le scénario) combiné à un réalisateur épris d'ambition esthétique et de grandeur, non sans un certain talent (ah ba oui, j'ai oublié de préciser, c'est Michael Mann, quand même !! Oui, le grand Michael Mann!!) par un réalisateur qui trouvera son plein épanouissement quelques années plus tard en signant notamment « Le Sixième sens » et son chef-d'œuvre : j'ai évidemment nommé « Heat ».