Un grand film signé Andrzej Wajda, que je découvre par la même occasion! Non sans raisons qualifié de baroque, son art se fait ici d'une grande noirceur, porté par une mise en scène de qualité et sublimé par une magnifique photographie. «Cendres et Diamant», amer constat sur la guerre et ses ravages est peut-être avant tout un drame moral, intérieur, qui se joue finalement en chacun de nous. Et bien évidemment qui bouleverse Maciek, héros faussement impassible interprété par le talentueux Zbigniew Cybulski, certainement dans l'un de ses plus grands rôles. Comment se comporter en homme quand on a du sang sur les mains? Comment vivre après avoir ôté la vie à certains de ses semblables? Mais plus encore qu'est-ce qui différencie une cible d'une autre, une mort d'une autre? La réponse semble être l'idéal pour lequel on se bat, le communisme pour certains ou le nationalisme pour d'autres. Tant que l'on s'en tient à cette dichotomie la question reste simple et ne laisse pas beaucoup de place au choix : la liberté ou la mort. Mais dès que la réflexion ou les sentiments s'en mêlent, c'est la fin. Triste observation : penser à la vie et à son sens c'est faiblir en temps de guerre, choisir entre son idéal et l'amour c'est courir à sa perte. Violence et compassion, vie et mort, douleur et espoir sont donc les maîtres mots de «Cendres et Diamants», même si l'on ne peut réduire ce film à ces seules thématiques, ne serait-ce qu'en raison de la grande diversité de ton qu'il adopte, passant allègrement du rire aux larmes, de la légèreté à une grinçante gravité. Visuellement inspiré, excellemment interprété, source de réflexion, parfois excessif, un passionnant (et passionné) long métrage qui fait honneur au cinéma polonais. Incontournable! [3/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/