Film d'aventure contre le temps où la poésie jaillit des cimes, des étendues et de l'insouciance, ancrée dans un fragment biographique de la vie de Saint-Exupéry.
Pablo Agüero compose un film idolâtrant les prouesses des pionniers de l’aviation et l’amitié, ce lien indéfectible entre frères d'un ciel.
À travers une narration hybride, le cinéaste transcende la simple biographie pour plonger dans l'insouciance et la pugnacité d'un homme.
La mise en scène, faite de tableaux éthérés, convoque l’imaginaire du Petit Prince sans s’y enfermer. En quête de son ami, Saint-Exupéry croise des enfants, figures d’innocence et de vérité. À leurs côtés, il retrouve cette pureté et sincérité qu’il a toujours célébré. Ces rencontres soulignent l'idée que la simplicité des enfants, leur capacité d'imaginer et de croire, peut guider les adultes dans des situations d'égarement ou de perte.
En cela, le berger, figure de sagesse et de guide en communion avec la nature, et l’enfant, émerveillé par le vent, incarnent la solution convoité par Saint-Exupéry pour retrouver son ami.
Le vent lui-même se fait symbole de mouvement, de lien et de vie. Il traverse et relie, souffle invisible qui unit les êtres et les espaces.
L’emprunt au fantastique prolonge cette réflexion, imprégnant l’œuvre d’une dimension métaphysique où le réel et l’imaginaire s’entrelacent. Ces touches oniriques ouvrent des brèches d’interprétation, invitant le spectateur à se laisser porter par l’intuition, à ressentir au-delà des mots, des images et de la biographie.
Ainsi, Agüero signe une œuvre de haute voltige, où se présente néanmoins quelques faiblesses : le jeu d'acteur de Cassel, les flash-backs sur son défunt frère et quelques dialogues trop explicites quant au déroulement du récit, mais l'essence de l'univers de Saint-Exupéry ne décroît jamais.