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    Maîtres
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    Olivier Barlet
    Olivier Barlet

    293 abonnés 393 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 janvier 2023
    C’est du point de vue des avocats que se situe le film, dans leur cabinet spécialisé en droit des étrangers. Cela ne veut pas dire les materner ! Conscientes des arcanes du droit, elles savent que la vie de leurs clients dépend des décisions judiciaires mais ne leur promettent ni monts ni merveilles. Elles ont en face une administration parfois revêche et des juges pas toujours coopératifs. Le titre anglais est d’ailleurs A Sense of Justice. Elles tentent d’expliquer l’extrême complexité administrative à leurs clients, ces citoyens de seconde zone qui leur font part de la précarité de leurs situations. Un an de tournage, 90 jours de montage : la richesse de ces échanges est impressionnante. Ils dévoilent les absurdités, les contraintes multiples, les stratégies, les contradictions, les préjugés… Centrer le film sur les avocates au travail ne va cependant pas sans contraintes : abordant un bon nombre de cas, il ne permet de saisir que par bribes la parole des migrants. Avec quelques plans sur le personnel et son quotidien difficile, il n’aborde aussi que peu la dimension collective du cabinet, voire les moments de réflexion ou de détente. Les deux femmes font preuve d’une impressionnante détermination. Elles ont de l’expérience et du métier. L’empathie se fait discrète : la caméra conserve sans cesse une distance que l’on peut considérer comme juste car elle nous implique sans nous lier, préservant la possibilité du doute comme ferment de liberté.
    Yves G.
    Yves G.

    1 455 abonnés 3 482 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 février 2023
    Pendant quelques mois, le documentariste Swen de Pauw a planté sa caméra dans l’étude de trois avocates strasbourgeoises spécialisées en droit des étrangers. Il les filme en plein travail, face à leurs clients, plongées dans leurs dossiers, pendues au téléphone, dictant un courrier ou le regard vide à leur balcon tirant sur une cigarette. Face à elles défilent des demandeurs d’asile, des résidents en fin de droits, des étrangers qui aimeraient acquérir la nationalité française…. Autour d’elles, s’agite une ribambelle de stagiaires tandis que deux secrétaires d’un calme imperturbable gèrent le chaos.

    "Maîtres" est un documentaire exigeant, pas toujours facile à comprendre et à suivre pour qui ne connaît rien au droit des étrangers. Il faut reconnaître, sans avoir nécessairement lu la dernière étude que le Conseil d’Etat lui a consacré, que c’est un droit complexe aux frontières du droit civil, du droit administratif, du droit du travail. D’ailleurs cette complexité se reflète dans la répartition des tâches au sein du cabinet : c’est à Audrey Scarinoff, la jeune avocate fraîchement émoulue, qu’incombent les dossiers les plus ingrats, ceux jugés aux prudhommes, que lui confient ses deux aînées.

    On peut y voir – et c’est d’ailleurs le sens que voudrait lui donner semble-t-il son affiche et le résumé que les distributeurs en font – un film militant sur la situation des étrangers en France et l’accueil déshumanisant que des services administratifs sans visage et des tribunaux débordés leur oppose.
    Ce serait le déformer ou le réduire à ce qu’il n’est pas.

    Car "Maîtres" est avant tout – et c’est sa principale vertu – un film sur le travail. Rien de plus ingrat, rien de moins sexy que de filmer des gens qui travaillent – surtout lorsqu’il s’agit d’un emploi de service exercé derrière son ordinateur dans des bureaux anonymes. Très souvent, les films de fictions ou les documentaires qui ambitionnent de rendre compte par exemple du travail d’un écrivain, d’un journaliste ou d’un haut fonctionnaire occultent cette dimension-là et ne montrent pas leurs personnages au « travail ».
    Tel n’est pas le cas de ce documentaire profondément honnête qui se coltine cette réalité ingrate. Jamais il ne franchira la porte de ce cabinet, de ce phalanstère laborieux, de cette ruche pour s’autoriser des échappées belles, qui auraient été un peu faciles, au tribunal ou en préfecture par exemple.

    On comprend que deux avocates se sont associées. Elles sont représentatives d’une profession de plus en plus féminisée – comme celle de magistrate. L’une, Christine Mengus a la soixantaine, de l’énergie à revendre et un sacré sens de l’humour. Elle n’hésite pas à chahuter ses clients, leur reprochant par exemple de ne pas l’avoir consultée plus tôt, avant que leur situation administrative ne devienne inextricable. Elle rappelle, toutes choses égales par ailleurs, la juge d’instruction belge de "Ni juge, ni soumise". L’autre, Nohra Boukara, la quarantaine bien frappée, est plus militante même si ces convictions ne sont pas sans contradiction : si elle stigmatise les dérives d’un droit « colonialiste », elle exige d’un client qu’il renonce à sa culture patriarcale et embrasse spontanément ‘légalité hommes-femmes.
    Les deux femmes se sont adjointes les services d’une troisième avocate, Audrey Scarinoff, qui n’a pas trente ans. Il faut lire le dossier de presse pour comprendre qu’elle n’est pas encore associée – mais le deviendra peut-être. Il faut regarder l’annulaire de sa main gauche et y voir apparaître un diamant pour supputer qu’elle s’est fiancée pendant le tournage.

    "Maîtres" devrait être montré à tous les avocats en formation. Ils y verraient, s’ils n’en sont pas déjà conscients, la grandeur et la servitude de leur profession et toucheraient du doigt ce qu’être « auxiliaire de justice » veut dire.
    Noulnoulzibeune
    Noulnoulzibeune

    1 abonné 3 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 27 janvier 2023
    Un documentaire très intéressant sur le travail de ces deux avocates totalement investies dans la défense des droits des étrangers. Filmé en huis clos à l’intérieur du cabinet. Le film montre aussi le travail de toute l’équipe, avocates, stagiaires, assistantes. Et évidemment les clients, souvent pris dans des situations apparemment inextricables. Beaucoup de gros plans, et d’empathie pour les juristes et les client.es Je recommande.
    Mélany T
    Mélany T

    31 abonnés 560 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 11 août 2024
    Le sujet est passionnant, le récit pédagogique et captivant et la mise en scène intelligente. Les avocates sont parfois quelque peu condescendantes mais l'ensemble reste important et engagé.
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